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Le budget des dépenses de l’Autriche se répartit, comme on vient de le voir, en trois catégories principales : la dette publique, l’état militaire, et l’administration proprement dite. Quant à la dette publique et aux opérations de crédit qui s’y rattachent, il ne peut y être question d’épargnes : elles reposent, comme toutes dettes et opérations de cette nature, sur l’inviolabilité de la foi publique, inviolabilité qui constitue la première base du crédit national. Il est inutile de faire observer que dans les circonstances actuelles une réduction de la rente est tout à fait hors de question.

Les dépenses de l’état militaire s’élèvent à la somme de 124 millions de florins ou 310 millions de francs, tandis qu’en 1847 le chiffre correspondant était de 61 millions de florins. Il est vrai que depuis lors le prix des matières premières comme de tout le matériel a considérablement augmenté. La Hongrie avant 1848 nourrissait et logeait à ses frais les troupes qui y étaient stationnées ; les frais de recrutement des régimens hongrois étaient également supportés par le pays. La situation maintenant n’est plus la même. Il y a donc peu d’espérance de pouvoir réduire cette branche des dépenses publiques au chiffre de 1847, ou même à un chiffre approximatif, à moins d’une réduction générale des armées des grandes puissances de l’Europe. Or cette grande mesure internationale, qui paraît être si impérieusement réclamée par les besoins du monde civilisé, qui seule pourrait apporter un remède efficace aux difficultés matérielles ou politiques de l’Autriche, ne saurait être adoptée que d’un commun accord parmi les grandes puissances, et dans une époque de tranquillité, de sécurité publique. Il est un fait qu’on ne doit pas oublier : lorsque l’Autriche désarma en 1853 et se vit, peu de mois plus tard, obligée de remettre précipitamment son armée sur le pied de guerre, cette réduction momentanée, loin de lui valoir des économies, augmenta considérablement ses dépenses.

Reste donc la troisième catégorie des dépenses publiques, la plus importante de toutes, puisqu’elle s’élève à 160 millions de florins (400 millions de francs). Elle comprend les frais d’administration proprement dite, l’administration de la justice comme les travaux publics. Encore cette somme ne suffit-elle pas pour donner une idée complète des dépenses de cette catégorie, puisqu’un grand nombre des dépenses administratives provinciales, qui, dans le budget de la France, figurent sous le titre de dépenses des départemens, sont omises dans le chiffre mentionné. Ces dépenses provinciales se prélèvent moyennant impôts additionnels sur les impositions directes ; dans beaucoup de provinces, elles s’élèvent jusqu’aux deux tiers de ces dernières, quelquefois même à une proportion plus forte encore, toujours sans y comprendre les charges communales. Il paraît évident que cette administration, qui à elle seule absorbe à peu