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qu’augmenter. Le gouvernement était arrivé sur une pente dangereuse, qu’il descendait sans trop s’en douter. En même temps les partisans intéressés du despotisme militaire et ceux de l’ancienne constitution hongroise travaillaient en commun, quoique dans des vues et par des motifs différens, à renverser la constitution de 1849, les uns pour conserver ou du moins pour prolonger le gouvernement absolu, les autres dans le vain espoir de rendre aux provinces hongroises leur ancienne constitution et aussi de rétablir l’ancienne scission entre les différentes parties de l’empire. À cette époque, le vent des coups d’état soufflait en Europe. Bref, le 31 décembre 1851, la constitution du 4 mars 1849 fut abolie, les lois et institutions organiques qui s’y rapportaient abrogées, et on promit, sans les désigner plus spécialement, de nouvelles institutions qui seraient trouvées conformes aux besoins de la nation.

Le parti absolutiste triomphait. Pour beaucoup de monde, c’était une journée des dupes. Il y eut quelques changemens personnels dans le ministère : M. de Bruck, ministre des travaux publics, et M. de Schmerling, ministre de la justice,[1]sortirent du cabinet. Le prince de Schwarzenberg, succombant aux fatigues incessantes des dernières années, mourut quelques semaines plus tard. Le comte de Stadion était atteint d’une démence incurable. Ce furent leurs successeurs, aidés de leurs collègues, qui entreprirent de préparer ces institutions politiques qu’on venait de promettre, et on assure que ce travail de préparation se continue encore. De plus en plus, il est vrai, la question financière est venue peser sur les questions d’ordre administratif. Voyons cependant si une solution équitable donnée aux difficultés politiques ne contiendrait pas aussi l’heureux dénoûment des difficultés financières.


II.

Le budget des dépenses de l’empire d’Autriche s’élevait en 1856 à la somme de 427 291 142 fl. (en somme ronde 1 070 000 000 fr.). Le service de la dette publique[2] avait absorbé sur cette somme 100 393 413 florins (soit 251 000 000 fr. environ). Les autres dépenses se répartissaient ainsi :

  1. Ce dernier avait été l’un des chefs du parti réformateur aux états provinciaux avant 1848.
  2. Non compris les charges pour le rachat des redevances féodales, lesquelles, comme nous l’avons dit, forment une branche totalement distincte du service public.