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Les états autrichiens étaient donc jusqu’en 1806 divisés en deux parties très distinctes quant au droit public intérieur : la première partie, comprenant les provinces allemandes, la Bohème, etc., obéissait au chef de la maison d’Autriche, considéré comme prince allemand et vassal de l’empire germanique, tandis que dans l’autre partie, la partie hongroise, le même prince était tout aussi complètement souverain que Louis XIV l’a jamais été en France.

Qu’on ne nous accuse pas de nous arrêter ici à de vaines subtilités. L’état de choses que nous venons d’exposer a non-seulement un intérêt historique, mais aujourd’hui encore on ne peut sainement apprécier l’état actuel de l’Autriche, se faire une idée juste de son droit public intérieur et de plusieurs de ses institutions politiques, si l’on ne s’applique à bien connaître le régime dont nous parlons.

L’année 1806 apporta, on le sait, un changement complet dans la situation de l’Autriche. L’empire d’Allemagne cessa d’exister, et le lien politique qui unissait à ce grand corps les provinces possédées par la maison d’Autriche fut brisé. Cette maison y devint tout à coup aussi souveraine qu’elle l’avait toujours été dans les provinces hongroises ou polonaises. Un nouvel empire fut créé, et on lui trouva un nouveau nom : l’empire d’Autriche. Personne cependant ne songea à fonder un nouveau droit public, de nouvelles institutions, pour cet empire nouvellement établi. Les anciennes formes restèrent, tandis que l’état des choses était essentiellement changé.

À l’exception de la dynastie régnante, il n’y eut aucune institution politique ou administrative, aucune autorité centrale, aucun système représentatif, absolument rien qui pût rappeler, personnifier l’unité de cet empire nouvellement créé. Autrefois, lorsque les états autrichiens étaient composés de deux moitiés, — l’une souveraine, l’autre relevant comme fief de l’empire germanique, — il y avait eu très naturellement deux ministères de l’intérieur, deux administrations des finances, deux organisations judiciaires, etc. On laissa subsister tout cela, même après la réunion de ces deux parties dans un seul état souverain. L’armée seule fut centralisée, et là même des différences furent maintenues dans l’administration militaire, dans le système de recrutement, etc. L’étiquette de cour n’était pas la même en Hongrie qu’en Autriche, et jusqu’à ce jour il n’existe aucun cérémonial propre au couronnement d’un empereur d’Autriche. Ni l’empereur François, ni son fils, ni son petit-fils ne se sont fait couronner comme tels. Les deux premiers de ces princes ont été seulement couronnés rois de Hongrie, de Bohême, archiducs d’Autriche, rois d’Italie, etc. L’empereur François II était un prince excellent, probe et consciencieux, mais il manquait des qualités indispensables