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cassivellaun, tandis que l’attention de tous reste fixée sur lui et sur ses mouvemens, la plus grande partie de sa cavalerie remonte inaperçue le vallon du Rabutin, et tombe sur les derrières de la masse ennemie, qui se presse entre les points signalés aujourd’hui par les villages de Bussy et de Menetreux. L’armée de secours a cessé d’exister, et le sort d’Alesia est décidé.

Ces lignes écrites, nous relisons la série d’objections topographiques opposées par M. Quicherat[1] à ceux qui voient dans le Mont-Auxois l’emplacement de l’illustre oppidum ; nous croyons devoir les mettre sous les yeux du lecteur. M. Quicherat trouve que la plaine des Laumes est trop large et trop longue ; selon lui, les limites que d’autres lui avaient tracées avant nous, et que nous avons adoptées, sont purement arbitraires. Les flancs du Mont-Plevenel et du plateau de Savoigny ne lui semblent pas assez escarpés. La colline où nous supposons que combattit Vercassivellaun ne lui paraît pas répondre à la description de César. Des camps placés sur les hauteurs il n’était pas possible aux légionnaires, ajoute-t-il, d’apercevoir la cavalerie qui combattait dans la plaine des Laumes. Toutes ces assertions sont difficiles à discuter en détail ; à nos yeux, elles sont à peu près réfutées par l’exposition que nous venons de faire, et pour en faciliter l’appréciation, nous ne pouvons qu’inviter le lecteur à consulter la carte. C’est encore à la carte que nous avons recours quand l’habile adversaire d’Alise déclare que « le Mont-Auxois ne présentait à son sommet qu’un plateau, sans éminence d’aucune sorte ; » nous voyons un certain point qui porte la cote 418, et qui domine tout le reste du plateau. M. Quicherat dit aussi qu’Alise (Alesia) ne pouvait avoir que deux portes et non plusieurs ; M. de Coynart répond que sur plusieurs points la ceinture de rochers qui enveloppe le Mont-Auxois pouvait livrer passage à des rampes, et assurément, quelque escarpés que soient les flancs de cette montagne, il était plus facile d’y cheminer que de sauter de Chataillon dans la gorge du Lison. Nous nous arrêterons peu à une autre objection qui ne nous paraît pas très sérieuse : César ayant dit que dans les parties basses de la contrevallation il avait inondé les fossés avec les eaux du fleuve, M. Quicherat conclut de cet emploi du singulier qu’Alise ne peut être Alesia, puisqu’au pied du Mont-Auxois le proconsul pouvait amener dans ses fossés les eaux des fleuves, l’Ose et l’Oserain. Ceci est une question de niveau peu importante, nous le répétons, et que nous ne pouvons apprécier sur la carte ; en tout cas, semblable difficulté ne sera jamais opposée aux défenseurs de l’Alaise séquane, car on leur demandera plutôt comment César put porter sur Charfoinge les eaux du Todeure.

  1. L’Alesia de César rendue à la Franche-Comté.