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DU SOMMEIL
ET DU SOMNAMBULISME
AU POINT DE VUE PSYCHOLOGIQUE

I. Du Sommeil, etc., par Al. Lemoine, 1855. — II. Derniers travaux sur le Sommeil et le Somnambulisme, par MM. Lélut, Charma, Macario et A. Maury.



« L’homme, a dit Pascal, n’est ni ange ni bête. » Ange, l’homme n’aurait pas ce corps qu’il traîne avec lui ; bête, il n’aurait pas de raison ; mais il a une âme raisonnable et libre dans un corps qui enveloppe cette âme. Par son âme, il tient de l’ange : c’est sa grandeur, il doit l’accepter et s’en faire gloire. Par son corps, il tient de la bête : c’est sa misère, il faut qu’il s’y résigne.

Là est le point de départ, là aussi est la difficulté de la science de l’homme. Si j’étais un pur esprit, la science de mon être s’épuiserait dans les limites de la seule psychologie. Si je n’étais que matière, Broussais serait mon maître, et je lirais le secret de ma nature dans ces tristes paroles qui furent comme l’expression suprême de sa foi : « L’âme est un cerveau agissant, et rien de plus. » Mais ni les spiritualistes n’ont jamais, de notre, temps, douté de l’existence du corps, ni Broussais n’a pu méconnaître absolument, en dépit de ses colères, le principe spirituel qui pense dans l’homme. Lui et ses partisans ont eu beau faire, ils n’ont pu ne pas entendre la voix de leur conscience proclamant l’âme immatérielle plus haut cent fois que ne la niaient leurs systèmes. Les contradictions inévitables où ils sont tombés, l’influence croissante de l’école spiritualiste, et pardessus tout sans doute la force de l’évidence, devaient amener et