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ne présente pas les mêmes avantages aux émigrans, qui par conséquent donnent la préférence aux États-Unis. La loi de 1850 a créé l’administration des terres du domaine public ; mais ce n’est qu’en 1854 qu’on a commencé de la mettre à exécution. Ce service est très important et doit donner les meilleurs résultats. Dès ce moment, on s’occupe de séparer les terres du domaine public de celles qui appartiennent aux particuliers, et de diviser en petits lots les terres du domaine, en commençant par celles du littoral ou par celles qui avoisinent les bourgades peuplées et commerçantes. On aura bientôt ainsi de petits lots à vendre, et alors vraisemblablement apparaîtront des settlers brésiliens pour clôturer et planter ces petites propriétés, y construire une maison où, à leur arrivée, les émigrans trouveront à se loger avec leurs familles et pourront acheter des terres déjà cultivées, comme ils aiment à en trouver. Ensuite on cherchera sans doute à offrir des facilités pour la traversée de l’Europe au Brésil, de manière à encourager l’émigration

On a sagement agi en concédant des terres à des sociétés et à des particuliers qui, moyennant une prime par tête d’émigrant, que leur assure le gouvernement, s’engagent à en faire venir d’Europe un certain nombre, à leur céder de petits lots en toute propriété, à les loger, à les nourrir, à subvenir enfin à tous leurs besoins jusqu’à ce que par leur travail et leur industrie ils puissent se suffire à eux-mêmes. On construit en même temps des routes pour faciliter les communications et le transport des produits. On prépare ainsi les voies pour la colonisation spontanée, qui commence à se diriger vers l’ancienne colonie de Sao-Leopoldo, dans la province de Rio-Grande du Sud, et vers d’autres centres moins importans, ou qui ont été nouvellement créés. On sème maintenant pour recueillir plus tard, et nous sommes bien convaincu que lorsque le Brésil sera mieux connu, les Européens comprendront qu’aucun autre pays n’offre à l’émigration un sol aussi fertile, des ressources aussi certaines, autant de chances de fortune et une plus grande sécurité pour les personnes et les propriétés. Le gouvernement a concédé déjà quatre-vingt-douze lieues de terres, sous la condition d’y introduire 100,000 colons avant 1862.

Outre la colonie de Sao-Leopoldo, dont la population s’élève à 10,000 âmes, il y a au Brésil d’autres centres de colonisation : Dona-Francisca et Blumenau dans la province de Santa-Catharina, Superaguhy dans la province de Sao-Paulo, Santa-Cruz, Sao-Domingo, Torres, Tres-Forquilhas et Novo-Mundo dans la même province ; Mucury, en voie de développement, dans la province de Minas-Geraes ; Pétropolis et l’ancienne colonie de Fribourg, formée, en 1818 et 1824, par des familles allemandes et suisses dont la plupart ont aujourd’hui de la fortune ou au moins une position indépendante,