Jusqu’ici le pays n’avait que de mauvaises routes, dont la plupart même n’étaient pas carrossables ; le transport des denrées et des marchandises se faisait à dos de mulet, et était très dispendieux. Toutes les provinces cherchent maintenant à améliorer leurs routes. Comme toujours, la province de Rio est à la tête du mouvement : des routes conduisant aux frontières de Minas et de Sao-Paulo, qui lui sont limitrophes, ont été déjà concédées à des compagnies avec des garanties égales à celles des chemins de fer. Les provinces de Minas, de Sao-Paulo, de Pernambuco et de Bahia font aussi de grands efforts pour améliorer leurs voies de communication. Partout la tendance est la même, et on a lieu d’espérer que sous peu le transport des marchandises sera plus facile et moins onéreux. Tant que les routes ne seront pas meilleures et que les marchandises seront transportées coûteusement à dos de mulet, beaucoup de productions du pays ne pourront pas arriver sur les marchés ; lorsque le transport se fera plus aisément et à moins de frais, l’intérieur jettera sur les marchés une grande quantité de produits, surtout de denrées alimentaires, dont le prix diminuera nécessairement.
Ce n’est pas seulement des routes que l’on doit s’occuper. La canalisation et la navigation des rivières réclament aussi l’attention du gouvernement. Ainsi jusqu’en 1853 la navigation du fleuve des Amazones était abandonnée à de petits bateaux, à des canots qui mettaient des mois entiers pour aller de la ville de Barra, capitale de la province des Amazones, à la capitale de la province du Para. L’art de la navigation semblait pour ainsi dire n’avoir fait aucun progrès depuis qu’au XVIe siècle le célèbre Orelana mit sept mois pour descendre le fleuve des sources du Napo jusqu’à son embouchure, et que Teixeira, au XVIIe, accomplit le voyage de Quito au Para. Aucun commerce ne se faisait sur le fleuve-roi : il y avait quelques centres de population établis de loin en loin sur ses rives brésilienne et péruvienne ; mais ce n’étaient que de misérables hameaux, dont la plupart étaient habités par des Indiens pacifiques et ignorans.
En 1853, il s’est formé une compagnie brésilienne pour la navigation de ce fleuve par des bateaux à vapeur. En vertu de la convention faite avec la république du Pérou, ses navires peuvent arriver jusqu’à Nauta, en touchant à Loreto. Plusieurs bateaux à vapeur sillonnent maintenant les eaux de ce magnifique fleuve, et portent la vie et la civilisation dans des déserts dont la richesse et la fertilité étonnent le monde. Deux voyages réguliers se font chaque mois, et depuis cinq ans les anciens centres de population ont grandi, de nouvelles bourgades et de nouveaux villages se sont formés ; le commerce s’y est développé à ce point que la province du Para a vu ses recettes augmenter de plus de 300 pour 100. Les villes de Barra, Santarem, Obidos, Gurupa, Brèves, Bella, Prainha,