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sur les listes se présentent, au jour de l’élection, dans leur paroisse, et nomment par liste, au scrutin secret, autant d’électeurs que doit en fournir la localité. Ces électeurs se réunissent dans leurs circonscriptions ou collèges électoraux, et nomment leurs députés à la majorité absolue des voix. Même chose a lieu pour les élections des sénateurs de la province. La municipalité de la ville capitale réunit les votes de tous les collèges pour former une liste des trois candidats qui, ayant obtenu le plus de voix, doivent être présentés au choix de l’empereur. Les assemblées législatives des provinces sont nommées par les collèges électoraux de la même manière que les députés, chaque collège donnant le nombre que la loi lui attribue.

Cependant l’administration proprement dite laisse à désirer dans son organisation ; elle a besoin de lois complémentaires qui lui donnent plus d’ensemble, plus d’unité, et une action plus directe. Le pouvoir administratif part de l’empereur comme chef du pouvoir exécutif, arrive aux ministres et au conseil d’état, et s’arrête aux présidens des provinces. Au-dessous de ce degré hiérarchique, il n’a plus d’agens qui lui soient particuliers, et pour l’exercice de ses fonctions il doit se servir des membres d’un autre pouvoir, les juges de droit ou de première instance et les juges municipaux, munis d’attributions de police qui ne sont pas assez nettement séparées des attributions judiciaires. Les présidens des provinces sont encore forcés de recourir aux municipalités et aux juges de paix, produits de l’élection directe par le suffrage universel. Il n’y a aucun pays dont l’organisation administrative soit aussi imparfaite et aussi faible. Il y a plus, les attributions du conseil d’état lui-même sont incomplètement définies ; la composition de ce corps et la manière dont il fonctionne appellent une réforme. Il faut regretter aussi que, dans son rôle purement local, l’administration brésilienne soit entravée par une centralisation excessive, qui est préjudiciable à un pays aussi vaste, dans lequel on trouve à peine de loin en loin quelques centres de population. La centralisation politique est nécessaire : il ne peut pas y avoir deux opinions à cet égard, car le Brésil est un empire, une seule nation, et l’unité doit présider à toute sa politique. La centralisation administrative dans ce qui touche à la politique, qu’on peut appeler la grande administration, est encore une nécessité incontestable ; mais faire dépendre du gouvernement général toutes les affaires et la décision des questions les plus insignifiantes, ajouter à la tâche du gouvernement, tâche déjà bien difficile, un grand nombre de travaux sans importance, c’est nuire en définitive aux localités comme au service public.

Les attributions du ministère de l’intérieur sont trop nombreuses,