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propres affaires, donner l’essor à leurs travaux publics, à la navigation de leurs rivières, à la canalisation de leurs territoires et à la prospérité de leur industrie, sans être gênées par le contact du gouvernement général.

La constitution brésilienne et les lois qui en sont le complément nécessaire définissent nettement le rôle qui appartient à l’administration politique. Les Brésiliens ont raison de regarder leur constitution comme le palladium de toutes leurs libertés politiques et de toutes leurs garanties individuelles. C’est aujourd’hui la plus ancienne de toutes les constitutions après celles de l’Angleterre et des États-Unis. La constitution de l’empire du Brésil a été mise en vigueur le 25 mars 1825, et depuis ce temps elle n’a produit que d’heureux résultats pour le pays, qui chaque jour l’aime et la respecte davantage. Toutes les bases en sont libérales. Ce n’est pas seulement un gouvernement représentatif qu’elle a établi, le gouvernement parlementaire a aussi sa part d’influence. La direction politique des affaires est soumise à l’opinion du pays, représenté par ses chambres, qui exercent un minutieux contrôle sur tous les actes des ministres, qui leur donnent la force ou les font tomber, sans que leur action puisse aller jusqu’à entraver la marche du gouvernement. La constitution ne considère les grands pouvoirs de l’état que comme des délégations de la volonté nationale. Le pouvoir exécutif, dont l’empereur dispose, fait la paix et la guerre ; il participe du pouvoir législatif par le droit de proposer des projets de loi, droit qui appartient aussi aux membres des deux branches du pouvoir législatif, le sénat et la chambre des députés. La dignité de sénateur n’est pas héréditaire. Le sénat se compose de cinquante-huit membres, dont chacun est choisi par l’empereur sur les trois candidats qui ont obtenu le plus de voix dans l’élection provinciale. La chambre des députés, composée de cent dix membres, est élue pour quatre ans par les collèges électoraux des provinces, dont chacun nomme son député. L’empereur peut la dissoudre, mais il est obligé d’appeler immédiatement les provinces à faire de nouvelles élections. On pourrait presque dire que les élections sont faites au Brésil par le suffrage universel, car il n’y a que les domestiques, les mineurs et les indigens qui ne jouissent pas du droit électoral. Les élections ne sont pas directes : on nomme d’abord les électeurs, qui nomment ensuite les députés. Les listes des habitans de chaque paroisse sont dressées tous les ans, au mois de janvier, par les électeurs et le juge de paix. Les réclamations contre les abus qui peuvent se produire dans l’inscription sur les listes sont portées en dernier ressort devant les tribunaux judiciaires d’appel (as relaçoes), dont les décisions sont irrévocables. Ceux qui sont inscrits