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un peu moins d’un tiers, sur les continens ; les autres sont insulaires. C’est dans les îles de la Sonde et les Moluques, dans l’archipel des îles Aleutiennes et des Kouriles qu’ils sont en plus grand nombre. Les sept huitièmes des volcans actifs sont semés sur les contours de l’Océan-Pacifique, depuis le Chili jusqu’au détroit de Behring, et de là jusqu’aux abords de l’Océan-Indien. M. de Humboldt n’admet pourtant pas, avec certains géologues, que le voisinage de la mer entretienne l’activité volcanique : il y a des volcans qui en sont séparés par d’immenses distances, par exemple ceux de la chaîne centrale du continent asiatique ; les points par où les matières souterraines peuvent se donner issue sont groupés sur les grandes lignes de fracture terrestres. Comme la configuration des côtes est due au même système de dislocation, il n’est pas étonnant qu’elle détermine ordinairement la position des volcans. Ces vues coïncident exactement avec celles de M. de Buch et de M. Elie de Beaumont. Suivant ce dernier, les nombreux soupiraux volcaniques qui enceignent l’immense Océan-Pacifique ont été ouverts du même coup, quand la chaîne des Andes a été soulevée, événement qui semble être postérieur à l’apparition de l’homme sur la terre. « Ce fut sans doute, écrit-il à ce sujet dans sa notice sur les systèmes de montagnes, un jour redoutable dans l’histoire des habitans du globe, et peut-être même dans l’histoire du genre humain, que celui où cette immense batterie volcanique vint à gronder pour la première fois. La ride de l’écorce terrestre à laquelle on peut rapporter l’origine du système des Andes paraît avoir fait éclater des volcans dans tous les systèmes de montagnes plus anciens qu’elle a rencontrés. Les tronçons discontinus et diversement orientés de cette immense traînée de volcans peuvent être cités à l’appui de l’une des plus belles théories de M. de Buch comme autant d’exemples de volcans alignés, soit au pied, soit sur la crête de chaînes de montagnes appartenant, par leur origine première et par leur direction, à différens systèmes plus ou moins anciens. Les volcans sont alignés entre eux suivant les directions propres à ces systèmes, mais ils n’existent que dans la zone où le nouveau ridement s’est fait sentir. Leurs différens groupes, pris chacun en masse, en jalonnent la direction, mais d’une manière assez confuse, et ils dessinent, surtout vers ses extrémités, des configurations bizarres où se montre, dans sa sauvage grandeur, la puissance que la nature s’est réservée pour échapper aux lois régulières qu’elle s’est tracées elle-même. Ainsi on voit, sur les belles cartes, de M. de Buch, vers la limite sud-est du continent asiatique, une série nombreuse de volcans suivre une direction polygonale et se recourber sous la forme d’un hameçon immense autour de l’Ile de Bornéo et de la presqu’île de Malacca. Une autre traînée de volcans se sépare de celle-ci pour se diriger vers la Nouvelle-Zélande. La longue file des volcans du Chili tient aussi comme un chaînon extrême à cette grande chaîne volcanique en zigzag, qui, s’appuyant sur un demi-grand cercle de la terre, marque la limite entre la grande masse des terres américaines et asiatiques et la vaste étendue maritime de l’Océan-Pacifique. »

En examinant de plus près encore la répartition des montagnes ignivomes sur le globe, M. Élie de Beaumont a fait voir qu’outre la ceinture circulaire qui embrasse les volcans des îles de la Sonde, du Japon, des îles Aleutiennes, de l’Amérique centrale, de la Nouvelle-Grenade et de Quito, il y en a deux