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contre Philippe le Bel, dont se trouva mal. Vous y penserez par votre prudence[1]. »

Adrien cessa de poursuivre une trêve impossible, et il ne s’aventura point à fulminer une excommunication aussi dangereuse. Au moment où l’Allemagne entrait en rébellion contre le saint-siège, il se fût exposé à ébranler la soumission de la France. Mais s’il n’obligea point François Ier à subir la paix, il ne craignit pas de se joindre à ceux qui lui faisaient la guerre, et au lieu de suspendre les querelles des princes, il les accrut en s’y mêlant. Il contracta une alliance offensive avec les ennemis de François Ier le 3 août 1523. Les Vénitiens venaient aussi de se tourner contre lui (28 juin). Lassés d’une union malheureuse qui les condamnait à des dépenses sans leur rapporter des profits, qui exposait leur sûreté dans la défaite et ne leur aurait procuré aucun agrandissement dans la victoire, aimant mieux d’ailleurs avoir pour voisin un prince italien qu’un prince étranger, un faible duc comme Francesco Sforza qu’un puissant monarque comme François Ier, ils refusèrent d’abord de renouveler leur vieille alliance avec le roi très chrétien, et ils entrèrent ensuite dans la grande confédération formée contre lui.

Cette confédération se composa alors de tous les états italiens et des principales puissances de l’Europe. Le royaume de Naples, le saint-siège, les républiques de Florence, de Sienne, de Venise, de Gênes, le duc de Milan Sforza, l’archiduc d’Autriche Ferdinand, le roi d’Espagne, le roi d’Angleterre, s’unirent étroitement, les uns pour empêcher François Ier d’occuper de nouveau la Haute-Italie, les autres pour envahir son propre royaume. L’armée impériale, qui restait sur pied dans la Lombardie, devait y être renforcée par les Vénitiens, de six mille fantassins, de six cents hommes d’armes et de six cents hommes de cavalerie légère ; par les Florentins, de deux cents hommes d’armes ; par le duc de Milan, de quatre cents cavaliers des deux armes. Charles-Quint, Adrien VI, Francesco Sforza s’engageaient à pourvoir cette armée de l’artillerie et des munitions nécessaires. Afin de solder régulièrement ces troupes et de faire face aux autres dépenses de la guerre, chaque confédéré était taxé par mois : le pape à 20,000 ducats, l’empereur à 30,000, le duc de Milan à 20,000, Florence à 20,000, Sienne, Lucques et Gênes à 10,000. Les Génois, rendus au régime républicain et replacés sous un doge national, avaient en outre la charge d’entretenir la flotte alliée et de pourvoir à la défense de leur ville. La coalition des divers états

  1. François Ier ajoutait : « Si vous prions par vostre bonté et équité avoir esgard et considération à ce que dessus et ne faictes chose que ung bon et prudent pasteur ne doibve faire ; car ou par telz moiens cuideriez mectre paix en la chrestienté, y mectriez plus grand trouble que jamais. »