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qui en donnait une théorie fondée sur la dilatation de l’air équatorial, remarquait avec raison que rien n’expliquait pourquoi les 30es parallèles nord et sud semblaient servir de limites à ces vents.

Une action tout aussi mystérieuse dans son principe est le croisement des vents dans les zones de calmes. Nous avons exposé la thèse d’après laquelle Maury en concluait la nécessité ; mais, quant à la cause qui s’opposerait au mélange intime des courans dans ces zones, et qui y conserverait à l’air venant d’un pôle sa direction vers l’autre pôle, nous ne pouvons encore que confesser notre ignorance. Ajoutons qu’il semble difficile d’admettre que le magnétisme, cet agent si universellement répandu dans la nature, ne joue pas un rôle actif dans la circulation atmosphérique, rôle qui peut-être nous donnera un jour la solution complète du problème que nous cherchons. Maury penche fortement vers cette opinion.

Dans la circulation océanienne, on l’a vu, tout ou à peu près tout est obscurité, et la loi reliant entre eux les phénomènes d’observation est encore à trouver, par la simple raison que ces phénomènes eux-mêmes ne nous sont que fort incomplètement connus. Du reste, cette infériorité de nos connaissances sur l’Océan relativement à ce que nous savons de l’atmosphère, cette infériorité n’est pas neuve, et à peu près vers l’époque où Halley donnait sa théorie des alizés, Vossius, expliquant par un gonflement des eaux équatoriales le retard des vaisseaux dans les calmes de la ligne, cherchait la cause de ce retard dans des expériences de capillarité ! Plus tard, et de nos jours encore, les courans n’ont le plus souvent été regardés que comme des exceptions à l’état normal de la masse océanienne, et n’ont par suite été l’objet que d’études séparées et indépendantes, auxquelles ne présidait aucune vue d’ensemble. Au contraire les idées de Maury sur ce sujet sont profondément rationnelles : elles signalent les frappantes analogies de la circulation de l’Océan avec celle de l’atmosphère, et elles montrent la nécessité d’un système universel de mouvemens ; tout en reconnaissant notre ignorance actuelle, elles indiquent les moyens de la faire cesser par l’esprit dans lequel devront être conçues nos recherches à l’avenir, et nous sommes heureux de trouver la confirmation de vues aussi justes dans la bouche d’une des illustrations scientifiques qui honorent le plus notre époque. « La théorie des courans, disait déjà il y a plus de vingt ans M. Arago, a fait peu de progrès jusqu’ici, parce qu’on s’est exclusivement attaché à ceux de ces phénomènes qui sillonnent la surface des mers. Des courans engendrés par des différences de salure et de température existent à toutes les profondeurs, et c’est en se plaçant à ce point de vue, c’est en descendant par la pensée aux plus grandes profondeurs de l’Océan, c’est en