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d’un autre courant emportant ce qu’a apporté le premier, — il nous montre d’un pôle à l’autre la grande masse atmosphérique dans un état incessant de mouvement, et obéissant pourtant à des lois d’une harmonie aussi fixe, aussi immuable dans leur genre que celles qui régissent le trajet des corps célestes. S’attaquant successivement aux divers ordres de faits qui se rattachent par un lien quelconque à l’atmosphère, il les encadre dans l’ensemble du système, et en tire de nouveaux argumens à l’appui de sa théorie, dont les proportions agrandies finissent par présenter au lecteur une preuve monumentale de ce que peut l’esprit d’investigation guidé par les méthodes d’une saine induction philosophique. En rappelant cette discussion si complète, si consciencieuse, dans laquelle Maury cherche à établir comment, par suite de l’imperfection de nos connaissances et du manque de données, nombre de cas qui semblent au premier abord faire exception ne sont au contraire que des confirmations indirectes de la loi générale, nous ne pouvons résister au désir de lui emprunter une comparaison doublement remarquable, et par l’heureuse application qu’il en fait, et par l’idée vraie qu’elle donne du point de vue élevé auquel il sait se placer. — Il en est, dit-il, de l’ensemble de la circulation atmosphérique comme du cours d’un fleuve dont les mille remous peuvent être assimilés à ces vents en apparence anormaux que produisent les nombreuses inégalités de la croûte terrestre. Attachons nos regards sur un espace restreint de la surface de ce fleuve, aucune loi ne ressortira de l’étude des divers mouvemens irréguliers que nous y observerons. Levons au contraire les yeux, embrassons le cours d’une rive à l’autre, et la direction générale des eaux, que nous cherchions vainement tout à l’heure, se montrera tout de suite franchement accusée.

En décrivant ce système de circulation aérienne, nous avons à dessein évité de nous arrêter sur les causes des vents dont il s’agissait d’exposer le trajet tant à la surface du globe que dans les régions supérieures de l’atmosphère. Rechercher les causes de la circulation atmosphérique, ou rechercher l’ensemble de cette circulation lorsqu’on en connaît une certaine partie, ce sont là en effet deux problèmes distincts, dont le premier est infiniment moins près que le second de recevoir une solution satisfaisante. Les zones de calmes tropicaux nous offrent par exemple, dans l’état actuel de nos connaissances, un phénomène inexplicable, et l’on ne sait à quoi attribuer la transformation de mouvement qui amène dans ces zones à la surface du globe les courans des régions supérieures. Fait curieux, ce point avait en quelque sorte été signalé dès la fin du xviie siècle, car les alizés, par la constance et la régularité de leur action, avaient de bonne heure attiré l’attention des savans, et en 1686 Halley,