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Nous avons à dessein évité de tenir compte dans cet exposé des circonstances résultant de la diversité des saisons, et c’est pourquoi nous avons dû omettre de montrer le système entier des zones alternatives de vents et de calmes, accompagnant le mouvement annuel du soleil par un déplacement périodique à la surface du globe. Il suffira de dire qu’au moyen de ces déplacemens, constituant pour les douze mois une double oscillation complète, Maury parvient à expliquer jusqu’aux moindres détails des diverses saisons sèches et pluvieuses constatées en certains points de notre globe.


II. — L’OCÉAN.

Lorsque de l’étude de l’atmosphère on passe à celle de l’Océan, on est tout d’abord frappé des nombreuses analogies qui existent entre l’ordre d’idées que l’on quitte et celui dans lequel on entre. Dès les premiers pas, le raisonnement montre que, comme l’atmosphère, l’Océan doit avoir son système de circulation, obéissant à des lois déterminées, sans que rien y puisse être livré au hasard. De plus on voit que cette circulation doit être absolue, c’est-à-dire que l’état de mouvement doit être l’état normal de toute molécule de la masse liquide, l’état de repos l’exception, et on trouve de même un argument décisif en faveur de l’universalité de cette circulation dans l’identité de composition de l’eau de mer sur tous les points du globe, identité telle qu’un système complet de courans peut seul l’expliquer par le mélange incessant qu’il opère entre les eaux des mers les plus éloignées. Enfin, toujours de même que pour l’atmosphère, et pour des motifs analogues, on est promptement conduit à admettre dans l’Océan — d’abord deux espèces de courans, les uns de surface, les autres sous-marins, tous deux agens d’une translation principalement horizontale, — et de plus, dans certains cas particuliers, une autre série de mouvemens verticaux ascendans ou descendans. Malheureusement cette analogie entre les phénomènes ne s’étend pas à la connaissance que nous en avons, et nous sommes encore singulièrement ignorans à l’endroit de cette circulation océanienne dont le raisonnement nous démontre la nécessité. Non-seulement en effet nous manquons de faits d’observation, mais, qui plus est, nous ne pouvons, dans l’état actuel de nos connaissances, faire d’une manière suffisamment exacte la part des différentes forces physiques qui concourent à la production des mouvemens de la mer, et c’est ainsi par exemple que nous discernons en général fort imparfaitement l’influence de la rotation diurne sur la direction des courans.

Essayons toutefois de caractériser les principes généraux de cette circulation, et pour cela plaçons-nous un moment dans le domaine de l’hypothèse, ce que l’absence de données autorise ici dans une