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faisant abstraction des nombreuses et importantes exceptions dont nous parlerons plus loin, on trouve cette surface partagée par la circulation aérienne en sept zones principales, limitées par divers parallèles de latitude : d’abord à l’équateur une zone de calmes et de folles brises, puis les deux zones des vents alizés, soufflant dans l’hémisphère nord du nord-est vers le sud-ouest, dans l’hémisphère sud du sud-est vers le nord-ouest, et s’étendant à peu près jusqu’aux trentièmes parallèles nord et sud. Viennent ensuite immédiatement après les alizés, en continuant à marcher de l’équateur vers chacun des pôles, deux nouvelles zones de calmes et de folles brises, moins nettement accusées que la zone équatoriale, et portant le nom des deux tropiques du Cancer et du Capricorne, dont elles sont voisines[1]. Enfin les deux dernières de ces sept zones sont comprises entre ces calmes tropicaux et les deux pôles : ce sont les vents dits généraux, qui dans l’hémisphère nord souillent du sud-ouest vers le nord-est, et dans l’hémisphère sud du nord-ouest vers le sud-est. Les trois zones de calmes, d’une largeur commune d’environ 3 à 4 degrés de latitude, sont, comme on le voit, notablement inférieures en superficie aux quatre zones de vents.

Ce qui frappe d’abord dans cette division, c’est la symétrie avec laquelle les différentes zones sont distribuées par paires dans les deux hémisphères, de telle manière que deux navigateurs, partant ensemble de la zone des calmes équatoriaux et se dirigeant l’un vers le pôle nord, l’autre vers le pôle sud, rencontreraient successivement et dans le même ordre, — l’un les alizés du nord-est, les calmes du Cancer par 30 degrés nord ou environ, puis les vents généraux du sud-ouest, — l’autre les alizés du sud-est, les calmes du Capricorne par 30 degrés sud ou environ, puis les vents généraux du nord-ouest. On voit en même temps combien un semblable système de vents serait impossible, s’il devait résumer à lui seul l’ensemble de la circulation aérienne : ces alizés par exemple, qui viennent avec un cours si régulier et si constant se déverser dans la zone des calmes équatoriaux, les uns du nord-est, les autres du sud-est, c’est-à-dire suivant des directions à angle droit, ces alizés, dis-je, produiraient nécessairement dans cette zone une inadmissible accumulation atmosphérique, si l’excès d’air ainsi apporté n’était entraîné ailleurs par une voie quelconque. Prenons maintenant les calmes du Cancer : nous y voyons les vents souffler au nord vers le nord-est, au sud vers le sud-ouest, c’est-à-dire que ces calmes servent

  1. La tradition assigne chez les Anglais, aux calmes du Cancer, le nom bizarre de horse latitudes, parce que les navires qui se rendaient jadis aux Indes occidentales, retenus dans ces parages par le manque de vent, s’y voyaient contraints, faute d’eau et de fourrages, de jeter à la mer les chevaux dont ils étaient encombrés.