Ils y avaient un intérêt égal. Le jeune Charles voulait s’assurer la paisible possession des Pays-Bas, de l’Espagne et du royaume de Naples. Il pouvait être facilement, dans ces états disjoints, troublé par le roi de France, qui, de la Picardie, de la Gascogne et de la Lombardie, n’avait que quelques marches à faire pour envahir l’Artois, la Flandre et le Brabant, provinces à certains égards françaises, pénétrer au-delà des Pyrénées, où se montraient les signes d’une prochaine révolte, enfin descendre au sud de l’Italie et s’en emparer comme l’avaient fait ses deux prédécesseurs, Charles VIII et Louis XII. De son côté, François Ier, après avoir reconquis le Milanais, remis les Suisses dans son alliance à la suite de leur défaite, contraint le pape et les états de l’Italie centrale à la paix malgré le mécontentement qu’ils éprouvaient de son voisinage, désirait s’affermir dans le duché de Milan, et ne pas en compromettre la seigneurie recouvrée en provoquant l’union de ce puissant prince avec l’empereur Maxim ilien resté longtemps son ennemi, avec le pape Léon X prêt à le redevenir, et avec plusieurs potentats italiens toujours disposés à entrer dans une ligue pour rejeter les Français au-delà des Alpes.
Les deux rois avaient donc réglé momentanément les affaires d’Italie, et ils s’étaient promis de terminer bientôt le différend relatif au royaume de Navarre. Par le traité de Noyon, Charles avait garanti l’établissement de François dans la Lombardie, et François avait cédé à Charles tout le royaume de Naples, sous la condition qu’il épouserait sa fille Louise et qu’il lui paierait annuellement, en échange de ses droits, 100,000 ducats d’or jusqu’à ce que sa fille fût en âge d’être mariée. Quant au royaume de Navarre, que Ferdinand le Catholique, en 1512, avait enlevé à la maison d’Albret, alliée de la maison de Valois, il avait été stipulé que Charles accorderait au prince qui en était dépossédé une satisfaction raisonnable, huit mois après avoir mis le pied en Espagne.
Toutefois l’accord si soigneusement ménagé entre François Ier et Charles-Quint dans les premières années de leur règne ne pouvait pas être durable. Les nécessités de leur position étaient plus fortes que les précautions de leur prudence. Une rivalité inévitable et des ambitions opposées devaient peu à peu les conduire à une rupture. La rivalité se montra dès qu’ils recherchèrent l’un et l’autre la couronne impériale. François Ier avait un grand intérêt à empêcher le possesseur déjà redoutable de si nombreux états de la mettre sur sa tête; mais il n’aurait trouvé aucun avantage à la placer sur la sienne. En l’obtenant, il se serait affaibli lui-même et il aurait alarmé l’Europe, déjà jalouse de l’étendue comme de l’unité de la France, et inquiète de sa domination en Italie. Un moment, entre la diète