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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




28 février 1858.


Si l’on veut voir comment un événement sinistre, exceptionnel par sa nature et en dehors de tous les calculs des hommes d’état, peut exercer une influence d’un certain ordre sur les affaires des peuples et laisser ses traces dans la politique, on n’a qu’à observer la marche des choses en quelques pays. En France, vous venez de suivre jusqu’à son dénoûment ce triste procès des auteurs du crime du mois de janvier, et il y a quelques jours à peine le corps législatif votait une loi qui spécifie des délits, prononce des peines nouvelles sous l’invocation de la sûreté générale. En Belgique, le gouvernement du roi Léopold a mis un prudent empressement à détacher d’un projet de code pénal qui s’élabore les dispositions relatives aux attentats contre les souverains étrangers, pour les soumettre dès ce moment au vote des chambres, et les représentans belges de toutes les opinions se sont hâtés de se rallier à la pensée du ministère ; tout le monde s’est trouvé d’accord, bien que par des motifs différens, comme on l’a dit. À Turin, le cabinet, cédant à des nécessités identiques, a présenté une loi du même genre, et le gouvernement piémontais s’est vu obligé de redoubler de vigilance à l’égard des réfugiés étrangers, qui semblaient s’agiter, à Gênes notamment. En Angleterre, tout s’est effacé depuis quelques jours pour faire place à l’émotion causée par le bill sur les conspirations tendant à l’assassinat, et à cela sont venues se joindre les préoccupations d’une crise ministérielle née des péripéties de ce bill. Ainsi voilà un certain ensemble de faits liés par d’évidens rapports, et qui sont comme l’épilogue politique de l’attentat du là janvier. C’est principalement vers l’Angleterre que se tournent maintenant tous les regards, car ce que n’avaient pu faire ni les derniers incidens de la guerre avec la Russie, ni les hostilités ouvertes l’an dernier contre la Chine, ni l’insurrection de l’Inde, ni la réforme électorale, un événement imprévu l’a fait en un instant : il a provoqué la chute du cabinet de lord Palmerston, qui n’a pu franchir le défilé d’une seconde lecture du bill sur les conspira-