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deux ans après pour Messine. Il ne passa qu’une saison dans cette ville, et se rendit à Palerme, où il fut engagé pour chanter le grand répertoire des opéras italiens. Lablache se fit entendre d’abord dans un opéra bien connu de Pavesi, Ser Marc-Antonio, dont le sujet a beaucoup d’analogie avec celui du Don Pasquale de Donizetti. Le succès de Lablache fut si décisif et si général dans la vieille capitale de la Sicile, qu’il y est resté pendant cinq ans. Ce n’est qu’en 1820, au moment où la révolution de Naples venait d’éclater, que Lablache fut engagé au grand théâtre de la Scala à Milan. Il y excita un véritable enthousiasme dans le rôle de Dandini de la Cenerentola de Rossini. Il retourna en 1821 à Milan, où Mercadante écrivit pour lui le rôle du père dans son chef-d’œuvre, Elisa e Claudio. C’est à Milan aussi que Lablache rencontra en 1822 Meyerbeer, qui écrivit également pour lui un rôle dans son opéra l’Esule di Granata, chanté par la Pisaroni et le ténor Winter. Dans cet ouvrage, représenté le 12 mars 1822 au théâtre de la Scala, il y avait un duo entre Lablache et Mme Pisaroni qui produisait un très grand effet. En 1823, Lablache fut engagé par le fameux imprésario Barbaja pour le théâtre italien de Vienne.

Dans la ville d’Haydn, de Mozart et de Beethoven, qui était alors remplie de musiciens et de virtuoses de premier ordre, la réputation de Lablache ne fit que s’étendre et se consolider. On admirait sa voix magnifique, sa noble et belle figure, son jeu souple et divers, et son aptitude à saisir le style des maîtres les plus différens. Il était aussi à l’aise dans le Don Juan ou le Nozze di Figaro de Mozart que dans la musique de Rossini. C’est à Vienne que Lablache a chanté pour la première fois le rôle de Geronimo du Mariage secret de Cimarosa, qu’on n’y avait pas entendu depuis l’époque de sa création, en 1792. Lablache est resté attaché au théâtre de Vienne jusqu’en 1828. À la mort de Beethoven en 1827, Lablache chanta dans le Requiem de Mozart, qui fut exécuté à l’église des Augustins. En quittant Vienne, Lablache reçut une médaille qu’on avait fait frapper en son honneur, et sur laquelle on avait gravé une inscription qui proclamait son double talent de comédien et de chanteur.

De retour à Naples, où il avait déjà fait de nombreuses apparitions depuis 1824, Lablache chanta au théâtre de Saint-Charles avec un succès immense. Après avoir été à Parme pour l’inauguration du grand théâtre, où fut donné un opéra de Bellini, Zaira, Lablache vint à Paris et débuta au Théâtre-Italien, le 2 novembre 1830, par le rôle de Geronimo du Mariage secret. Le public, la presse et les amateurs les plus difficiles furent unanimes à reconnaître les qualités supérieures de ce grand artiste. Entouré de Mmes Tadolini et Méric-Lalande, du ténor David, qui n’était plus que l’ombre de lui-même[1] et de Zucchelli, qui chantait la partie du comte Robinson, Lablache dominait de sa taille colossale et de sa voix puissante tous ces artistes, d’ailleurs distingués. Il aborda successivement tous les rôles sérieux et comiques de son vaste répertoire. Il chanta tour à tour la partie de Figaro ou celle de Bar-

  1. Jean David, célèbre ténor, qui a été le modèle de Rubini, et pour qui Rossini a écrit de nombreux chefs-d’œuvre, entre autres le rôle d’Otello, est mort tout récemment dans un hôpital de Moscou. Quelle douloureuse destinée !