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LE THÉÂTRE
EN ALLEMAGNE

FRÉDÉRIC HALM ET LA LITTÉRATURE DRAMATIQUE COSTEMPORAINE.
I. Der Fechter von Ravenna, von Friedrich Halm ; Vienne 1857. — II. Narciss, von Brachvogel; Leipzig 1857. — III. Klytaemnestra, von E. Tempeltey; Berlin 1857. — IV. Lorber und Myrte, historisches Churakterbild, von Karl Gutzkow; Leipzig 1857.



L’Allemagne est toujours à la recherche d’un poète dramatique. On écrirait un curieux chapitre de l’histoire littéraire de notre âge, si on rassemblait toutes les théories que la critique allemande a proposées depuis cinquante ans pour la régénération du théâtre. Lorsque Schiller mourut, en 1805, avant d’avoir atteint au sommet de son art et de son génie, Goethe, qui lui survécut pendant plus d’un quart de siècle, avait déjà renoncé à la scène. De 1805 à 1832, le fougueux auteur de Goetz de Berlichingen, le classique poète d’Iphigénie et de Torquato Tasso, n’a plus composé d’autre drame que la seconde partie de son Faust, immense opéra métaphysique et esthétique où toutes les études qui se partageaient la pensée du maître prennent un corps, une figure, et se déroulent, aux signes de son archet, en rondes extravagantes ou en chœurs majestueux. Il semblait que la période de la poésie dramatique fût définitivement close au-delà du Rhin. Schiller et Goethe avaient parcouru tous les degrés, épuisé toutes les formes du théâtre, et ces formes si diverses, mystères du moyen âge et chroniques shakspeariennes, drames classiques, drames romantiques, tout cela était allé aboutir à cet étrange opéra de Faust, composition vraiment allemande et résumé d’une époque entière. Or, si le Faust de Goethe était le résultat le plus