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LE
THEATRE LITTERAIRE

LA JEUNESSE
comédie en cinq actes et en vers, par M. Emile Augier.



Avant d’entrer dans l’examen de la Jeunesse, j’éprouve le désir d’exposer en manière de préface quelques considérations sur la carrière littéraire de l’auteur, et sur la direction qu’il a jusqu’à présent imprimée à son talent. Ce ne sont point des conseils, mais de simples observations que je veux soumettre au nouvel académicien, en le priant de ne voir dans toutes mes paroles que l’expression de la sympathie que m’inspire un talent très littéraire. Après beaucoup de tâtonnemens accompagnés de quelques faux pas, après beaucoup de recherches ingénieuses et de trop nombreuses concessions au faux goût du jour et à un système littéraire rétrograde, M. Augier semble vouloir enfin entrer dans la voie qu’il aurait dû suivre dès ses débuts. Si nous étions sûr qu’il y marchera résolument, nous supprimerions volontiers nos observations ; mais comme il nous semble remarquer encore certaines hésitations dans l’allure du poète, il est à craindre qu’il ne rebrousse chemin, s’il n’est encouragé à marcher en avant. C’est pourquoi nous lui disons immédiatement : Ne retournez pas en arrière ; lorsque vous serez tenté du démon de l’art de convention et de la poésie artificielle, souvenez-vous du quatrième acte de la Jeunesse. Allez, au nom de ce quatrième acte tous vos péchés vous sont remis.

Selon le philosophe grec, le premier axiome de la sagesse était de se connaître soi-même. Cet axiome a des applications ailleurs qu’en