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encore de nouvelles du prêt de 100 millions annoncé pour le drainage. On dit cependant que des modifications se préparent pour en étendre le bénéfice à toutes les améliorations foncières d’un effet permanent. Ce serait préférable à coup sûr, car le drainage n’entre que pour un vingtième environ dans les dépenses que réclame chez nous l’état du sol. Cette extension permettrait de répartir plus également les 100 millions sur toutes les parties du territoire : si toutes n’ont pas également besoin de drainage, chacune a ses nécessités spéciales ; seulement il deviendrait plus difficile de surveiller l’emploi des fonds, si la destination variait suivant les besoins, et il faudrait probablement se rapprocher des conditions ordinaires du prêt foncier, qui s’en remet à la discrétion de l’emprunteur de l’emploi des sommes prêtées.

L’absence évidente de capitaux disponibles a fait ajourner depuis quelque temps les projets de crédit agricole ; on en parle beaucoup moins. Ils reparaîtront sans nul doute à la première lueur d’amélioration, mais c’est déjà un progrès que cette abstention en présence de la nécessité. On a sans doute fini par comprendre que, pour avoir des capitaux à bon marché, la première- condition est qu’ils soient abondans, et qu’on ne peut pas, si puissant qu’on soit, en augmenter le nombre à volonté. Les inventeurs de bons hypothécaires à cours forcé n’y regardent pas de si près ; on les voit reparaître de temps en temps, mais ils ne passionnent plus le public.

La baisse des céréales a réveillé les anciennes idées sur les avantages des réserves, des prêts sur consignation de grains, etc. Un élément nouveau est venu donner à ces vieux projets un caractère pratique qui leur manquait ; on a découvert des procédés qui paraissent assurer infiniment mieux que par le passé la parfaite conservation des blés, même pendant plusieurs années. C’est M. Doyère, ancien professeur à l’Institut national agronomique, qui a eu l’honneur de démontrer, par des expériences sur des milliers d’hectolitres, l’efficacité de ces procédés, tant en France qu’en Algérie. Ils peuvent être appliqués en grand, soit pour les approvisionnemens de la guerre et de la marine, soit pour ceux des municipalités qui jugent encore utile d’avoir ce qu’on appelle des greniers d’abondance ; le commerce lui-même peut y trouver dans certains cas un sérieux concours. Il serait imprudent de les rejeter absolument ; il ne faudrait pas non plus s’y trop confier. Les prêts sur consignation de grains peuvent difficilement prendre une grande extension, à cause des frais de tout genre qu’entraîne, quoi qu’on fasse, le déplacement de pareilles masses, des embarras qui résultent du mélange inévitable des blés, des dangers que peut susciter l’accusation d’accaparement, etc. Les plus sûrs remèdes à l’avilissement excessif comme à renchérissement démesuré seront toujours dans la libre