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LES
QUESTIONS AGRICOLES
EN 1858



I

L’année qui vient de finir a été plus favorable que les précédentes à l’agriculture française. Avant tout, il faut en rendre grâces à Dieu, qui a rétabli le cours des saisons. Une belle récolte de céréales est venue, pour la première fois depuis cinq ans, récompenser les efforts du cultivateur. Le vin et la soie souffrent encore, mais l’intensité du mal diminue, et l’avenir se présente sous de meilleurs auspices. Les conditions économiques s’améliorent plus lentement. À peine sortie des embarras de la disette, l’agriculture a eu à supporter un autre genre d’épreuve, la baisse subite et désastreuse des blés, des alcools, des soies, etc. Cette baisse était légitime et désirable dans de justes limites, mais elle a passé toutes les bornes, au moins pour le blé ; après avoir vu le blé à 32 fr. l’hectolitre, nous le voyons à 16. Ces brusques révolutions tiennent surtout à un défaut d’organisation dans le commerce des céréales. Il n’y a qu’un commerce puissant, continu, régulier, qui puisse atténuer les variations excessives des prix, et, pour qu’il se constitue, il faut qu’il soit libre. L’administration a d’abord maintenu, au milieu de l’abondance, l’interdiction d’exportation et de distillation décrétée pendant la disette ; on l’a rapportée ensuite, mais un peu tard.

On a fait sonner bien haut, pour justifier l’interdiction d’exportation, les bénéfices que les producteurs avaient, dit-on, réalisés