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UNE
HISTOIRE DE CHASSE



I. — CONFIDENCES.

La catastrophe qui termine la première partie de ce récit[1] était déjà vieille de plus de deux ans, quand, par une soirée d’automne, vers dix heures, dans une chambre à coucher du château du Soupizot, une jeune femme, que l’on voudra bien reconnaître pour la petite-fille du baron de Laluzerte, achevait d’écrire une longue lettre. Le soin de sa correspondance n’avait pas seul le privilège d’occuper l’attention de la comtesse de Marmande, et de temps à autre elle quittait son fauteuil pour venir contempler avec une sollicitude maternelle un petit enfant endormi dans un berceau de mousseline. Nous profiterons d’un de ces momens pour mettre sous les yeux du lecteur les lignes que la jeune femme venait de tracer, et qui l’aideront à comprendre la suite de cette histoire.


« Bonne chère Kate,

« Les événemens se sont succédé si vite depuis notre séparation que je n’ai pu te tenir qu’imparfaitement au courant de tous les détails de ma vie, toi, vieille amie de mon enfance, pour qui mon cœur conserve une de ces affections que ni le temps ni la distance ne sauraient altérer. Je t’ai déjà dit les circonstances qui ont précédé mon mariage, la naissance de mon petit George... Hélas! que ne puis-je t’entretenir seulement de mon enfant! Ma lettre ne serait

  1. Voyez la première partie dans la livraison du 1er lévrier.