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Vraie ou fausse, cette légende est devenue le sujet d’une romance qu’on chante debout et avec une solennité triste. Les chansons accompagnent toujours un gai Noël, a merry Christmas, sans parler des carols, sorte de cantiques sur la naissance de Jésus-Christ que les enfans et les vieillards entonnent à toute voix dans les rues pour ramasser des sous. Les carols sont aussi vieux que la vieille Angleterre., La nuit de Noël se termine par une libation de vin fait avec les baies du sureau, elder-berry wine, et qu’on boit bien chaud, bien épicé, bien sucré, pour se procurer des rêves agréables. La fête n’est point enterrée : elle renaît avec le jour suivant, et se prolonge, malgré la reprise des travaux quotidiens, durant six semaines. Le théâtre avec ses pantomimes, le Crystal Palace avec ses divertissement d’hiver, les salles de concerts, les bals, tout concourt à retenir longtemps ce vieil hôte bien-aimé de la Grande-Bretagne, le père Christmas, à la tête couronnée à la fois de glace et de feuillage. Il y a toute une littérature de Noël qui consiste en contes, en poésies, en lectures morales. Noël est, en dépit du 1er janvier, le vrai jour de l’an de l’Angleterre. J’écarte le point de vue religieux ; mais les Anglais trouvent bon que l’année commence sur un berceau, quand ce berceau a régénéré le monde.

Tels sont les traits généraux du caractère national. La vie anglaise change avec les classes, avec les professions, avec les localités ; elle n’est point la même à la ville et à la campagne : c’est sur ces différens théâtres de faits qu’il faut la suivre. Ce travail nous sera plus facile, maintenant que nous avons vu les origines de la population et les divers élémens dont elle s’est formée.


ALPHONSE ESQUIROS.