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UN DERNIER MOT
SUR BERANGER

Ma Biographie, par P.-J. de Béranger, 1 vol. in-8o.



D’ordinaire on attend avec impatience les mémoires et les confessions des hommes célèbres. Mille sentimens contraires, les uns nobles, les autres bas, aiguillonnent cette impatience. Nous sommes pressés de savoir si ces révélations seront propres à accroître ou à diminuer notre admiration. Est-ce encore une illusion sur laquelle il nous faudra souffler ? Trouverons-nous notre idole telle que nous l’avions rêvée ? Voilà les questions auxquelles nous allons avoir enfin une réponse, et cette réponse, bonne ou mauvaise, sera toujours la bien-venue. Sans doute il serait plus doux d’admirer sans défiance et en toute crédulité, sans doute il est amer d’être désabusé et de s’avouer qu’on a été trompé : cependant il y a des compensations à ce désillusionnement, et la connaissance précise de la réalité a aussi son charme, car nous aimons la vérité par nature, autant que nous aimons le,bonheur. Or le vrai sur les hommes illustres, nous ne le savons jamais que par ces révélations posthumes, et heureusement lorsque leur, œuvre est achevée. Je dis heureusement, car si nous connaissions exactement la vérité pendant leur vie, notre admiration et notre confiance en eux en seraient fort diminuées ; nous les suivrions avec beaucoup moins d’enthousiasme, nous écouterions leurs paroles avec beaucoup moins d’attention ; nous les gênerions considérablement