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Quoi qu’il en soit, de très nombreuses transactions sont opérées chaque jour par l’intermédiaire des courtiers, et s’il fallait en évaluer l’importance, on ne pourrait, je crois, la porter à moins du double des négociations directement faites par les agens de change ; mais quant à la question d’augmentation d’une période sur l’autre, il n’y a pas lieu de supposer qu’elle doive être résolue autrement pour la coulisse que pour le parquet lui-même.

Il en est tout autrement des marchés ouverts sur d’autres places que celle de Paris. Lille, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon surtout, ont établi des parquets qui sont le centre d’affaires considérables, et dont la création remonte à douze ans à peu près. D’après la répartition des timbres de la chambre syndicale de Lyon, on peut estimer, pour l’année 1857, le produit des opérations à terme à 5 millions de francs perçus par trente agens de change. Si l’on suppose que tous les autres marchés de France réunis arrivent à un chiffre égal, ce serait un accroissement considérable ; mais il convient de remarquer, d’autre part, qu’à côté de la spéculation française, la spéculation étrangère a pris sur chacune de nos places, à Lyon surtout et à Paris, un développement bien autrement considérable que celui de la spéculation française sur les places étrangères. Sur le plus grand marché de tous, celui de Londres, nos opérations sont presque nulles, tandis qu’après Londres, — on pourrait dire au même degré que Londres, — Paris est le centre où affluent tous les capitaux de l’ancien monde, où viennent se négocier tous les titres, allemands, espagnols, italiens, russes, etc. Il existe sous ce rapport un mouvement d’attraction vers Paris bien différent du mouvement de diffusion qui pourrait porter les ordres parisiens et français vers Berlin, Vienne, Francfort et Genève. Que l’on consulte, à cet égard, les correspondances de banque, les carnets des courtiers et des agens, et l’on se convaincra de l’importance, chaque jour plus grande depuis l’établissement de la télégraphie électrique, de la clientèle étrangère près des bourses françaises. Si l’on pouvait l’établir en chiffres, on reconnaîtrait assurément qu’elle dépasse de beaucoup l’accroissement introduit par la création des parquets de province, et l’on ne saurait, en conséquence, contester l’assertion émise que de 1835 à 1857 la spéculation française s’est élevée de 1 à 2 1/4, comme le produit semestriel des timbres de 9,000 à 20,000 fr.

À côté de ces chiffres, il ne serait pas sans intérêt de comparer le terrain sur lequel la spéculation s’est exercée à ces deux époques, et de donner le tableau des valeurs cotées à la Bourse. La disproportion est flagrante. En 1835, on voit figurer sur la cote officielle, en valeurs françaises, les rentes 3, 4 et 5 pour 100, les actions de