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PEINTRES MODERNES
DE LA FRANCE

M. DECAMPS



Comme le paysage, la peinture de genre est de création moderne. Les anciens ne la connaissaient pas, et on peut douter qu’ils l’eussent appréciée. Leurs œuvres d’art étaient avant tout destinées à conserver le souvenir des grands hommes, à exalter les dieux, à orner les places publiques et les temples, à exciter le patriotisme ou la piété. En général, ils ne prirent dans la nature, pour sujet de leurs ouvrages, que la forme humaine dans ce qu’elle a de plus caractéristique, de plus élevé. Les types, les gestes, les attitudes, et jusqu’aux ajustemens de leurs personnages, sont en harmonie avec le but qu’ils poursuivent à travers des mythes et des allégories sans nombre, avec l’exaltation, la déification de l’homme Ces préoccupations de beauté élevée, de style, comme nous disons aujourd’hui, font à tel point partie de leur nature, dirigent leur goût d’une manière si absolue, qu’on les retrouve non-seulement dans leur architecture, dans leurs statues, dans leurs tableaux, mais jusque dans les compositions familières dont ils décorent les habitations et les monumens civils. En passant d’Athènes à Rome, l’art se modifia sans doute ; il s’alourdit et perdit ce caractère d’extrême distinction qui place si haut les conceptions des Grecs, mais il en conserva néanmoins les traits généraux. Les murs des maisons de Pompéi sont couverts de petites scènes d’intérieur, de caricatures, que les artistes de nos jours auraient