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à sa portée. Maigre une appréciation de plus en plus exacte des véritables conditions de l’exploitation des mines, il n’est finalement descendu qu’à quelques centaines de mètres, et n’a aujourd’hui touché, principalement en France, qu’à la partie tout à fait supérieure des bassins. Le plus profond de nos puits houillers est ce puits du bassin de la Loire qui a le premier atteint le prolongement des couches du système de Rive-de-Gier sous celui de Saint-Étienne, et qui doit être cité comme un exemple de l’obstination et de la hardiesse que réclame souvent l’industrie minérale ; il a plus de 600 mètres, mais c’est un ouvrage tout à fait exceptionnel. Partout ailleurs le chiffre oscille généralement entre 300 et 400 mètres. Néanmoins, dans quelques régions carbonifères, commence à être soulevée sérieusement la question si intéressante de l’approfondissement des mines. Déjà en Belgique, où les puits sont plus profonds qu’en France, le gouvernement a fait de ce problème industriel l’objet d’un concours extraordinaire, et l’a posé ainsi : « indiquer un système complet de moyens rationnels et pratiques de porter l’exploitation des houillères à 1,000 mètres au moins de profondeur, sans aggraver sensiblement les conditions économiques dans lesquelles on opère aujourd’hui. » En effet, dès que, prenant le contre-pied de la devise bien connue de Fouquet, le mineur voudra descendre, il se trouvera aux prises avec des difficultés très sérieuses, mais qui ne seront pas, tout porte à le croire, vraiment insurmontables. Le mineur s’est trouvé à coup sûr dans une position bien plus défavorable quand il lui a fallu creuser un puits, traverser des niveaux d’eau comme dans le nord de la France, assécher régulièrement les travaux souterrains, les aérer ; cependant il est ainsi arrivé à plusieurs centaines de mètres : il ira plus loin encore.

Les capitaux qu’absorbera l’industrie houillère seront de plus en plus considérables, à en juger par ceux qu’elle exige aujourd’hui : le seul creusement d’un puits de quelques centaines de mètres engloutit en quelques années plusieurs centaines de mille francs. En 1843, une compagnie houillère du Nord a dépensé 1,700,000 francs pour atteindre le terrain houiller à 140 mètres seulement de profondeur. Bien que le fait soit exceptionnel, il semble presque sur le point de se renouveler en ce moment dans la même région. On le voit cependant, les dépenses de creusement ne sont point en relation directe avec la profondeur des puits à foncer. Le comité des houillères françaises porte à 250 millions de francs déjà le capital total engagé dans les exploitations de cette nature. — L’accroissement inévitable de température, qui peut se calculer en ajoutant à la température moyenne de l’extérieur (qui est de 10 degrés environ) 1 degré par trentaine de mètres, ne constituera pas la difficulté la plus grande pour le mineur : il pourra être combattu par un aérage