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au troisième rang dans l’ordre de la production houillère. Un bulletin très utile, inséré depuis la fin de 1851 dans les Annales des Mines, nous donne sur l’industrie étrangère, et notamment sur l’industrie anglaise, de précieux renseignemens extraits en grande partie des communications faites au gouvernement par ses agens consulaires et diplomatiques. Un savant et intéressant article publié, il y a un an.[1], sur le bassin houiller de Newcastle, nous apporte aussi d’utiles informations sur la puissance gigantesque de l’industrie et du commerce des combustibles minéraux dans la Grande-Bretagne. Tout d’abord nous y trouvons une preuve éclatante de la supériorité prodigieuse de l’industrie houillère anglaise. Le capital engagé dans la totalité des mines de charbon françaises est précisément égal au montant des sommes que représente le seul ensemble des houillères du nord de l’Angleterre, et le vingtième, soit 12,500,000 francs, correspond à l’une quelconque des principales entreprises. Les entreprises de deuxième, troisième et quatrième ordre sont respectivement formées au capital de 5 millions, 1 million et 400,000 francs environ et ces petits établissemens sont de beaucoup les plus nombreux. Comme les industriels sont un peu les mêmes en tous pays, l’auteur anglais constate qu’il s’est heurté, dans ses tentatives d’évaluation, contre des difficultés semblables à celles qu’une enquête industrielle rencontre infailliblement en France. « Les propriétaires dit-il, sont ordinairement silencieux sur de tels sujets, et toutes recherches de cette nature sont regardées avec grande jalousie. » Lorsqu’il a procédé à ses investigations relativement aux bénéfices probables des industriels houillers, il a rencontré comme nous-même une estimation fort basse et il incline du reste à croire que ces bénéfices sont généralement exagérés par l’opinion publique. Quand il cite ensuite l’appréciation d’un directeur expérimenté de houillère qui suppose un revenu moyen de 10 pour 100, en ne tenant pas compte de l’amortissement du capital enfoui dans la mine, on voit du moins qu’il met en avant un chiffre vraisemblable pour estimer ce profit industriel.

La grande houillère de Stelton, dans le comté de Durham, produit par ses huit puits environ 12,000 quintaux métriques de charbon par jour, et le double dans les momens de grande activité commerciale. La maison Andrew Knowles et fils, du Lancashire, extrait quotidiennement 24,000 quintaux métriques ! Il est tel de ces établissemens exceptionnels dont la production ne peut se comparer qu’a celle d’un pays tout entier. L’extraction journalière dont je viens de parler correspond à une extraction annuelle de 7,200,000, quintaux métriques au moins ; si on se rappelle à quel chiffre se

  1. . Dans le British Quarterly Review, january 1, 1857.