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de l’exploitation des combustibles minéraux à partir de 1814. Antérieurement à cette date, on connaît quelques chiffres relatifs soit aux dernières années du XVIIIe siècle, soit aux premières du XIXe ; postérieurement à 1835, les publications officielles permettent d’apprécier l’importance successivement croissante de notre industrie houillère. Elles ne nous font défaut que pour la période la plus récente, puisque le dernier résumé s’arrête à l’année 1852. On peut essayer de combler cette lacune regrettable au moyen d’une remarque faite pour la première fois par M. Adolphe Brongniart. Le savant académicien a observé que la production française doublait tous les treize ans. Dès lors, si cette loi de progression, qu’aucun fait n’est venu infirmer encore, n’a pas cessé de s’appliquer, la production française, qui était en 1842 de 35,920,843 quintaux métriques, devait être en 1855 de 71,841,686 quintaux métriques, et très certainement ce chiffre est encore au-dessous de la vérité. Si nous nous en tenons aux nombres parfaitement sûrs, nous trouvons que la production indigène, qui était en 1787 de 2,150,000 quint. métriques, en 1802 de 8,441,800 quintaux métriques, a atteint à peu près le même chiffre en 1814, et a fourni successivement à notre industrie en 1820 10,936,578 quint. métriques, — en 1830 18,626,653 quint. métriques, — en 1840 30,033,820 quint. métriques, — en 1850 44,335,700 quintaux métriques. On a vu déjà qu’en 1852 elle ne dépassait point encore 50 millions de quintaux métriques, chiffre inférieur de 1,500,000 environ à celui de notre production en 1847 : telle a été l’influence de la révolution de 1848 sur la partie la plus importante de notre propriété souterraine. La révolution de 1830 n’avait eu qu’un contre-coup insignifiant : en 1831, la production houillère avait diminué de 1 million de quintaux métriques, mais elle avait crû du double en 1832. D’après le classement rationnel adopté par l’administration des mines, l’emploi du combustible minéral en France se répartit ainsi entre les groupes principaux de consommateurs : l’industrie en général en prend à elle seule les deux tiers ; le reste se partage entre le chauffage domestique (un cinquième), l’industrie des transports terrestre, fluviale et maritime (un douzième), et l’extraction des substances minérales (un vingtième). Le remarquable développement de nos chemins de fer, qui consomment en ce moment par année 7 millions de quintaux métriques environ, explique la part considérable qui revient surtout dans l’accroissement de la consommation à l’industrie des transports.

Le tableau de l’industrie des combustibles minéraux en France appelle quelques rapprochemens naturels avec l’Angleterre et aussi avec la Belgique[1], qui nous a récemment dépassés et nous a relégués

  1. Voyez, dans la Revue du 15 mars 1855, les Charbonnages de la Belgique, par M. A. Esquiros.