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des canaux d’aérage pour le rafraîchir, ou de supprimer, par un moyen quelconque, tout contact de ce dépôt avec l’atmosphère.

La houille s’emploie crue ou carbonisée. On sait que le coke, dont on fait un si grand usage dans la métallurgie, est supérieur à tout autre combustible pour l’intensité de la chaleur qu’il produit, mais qu’il est d’une combustion difficile, et nécessite l’emploi en grandes masses, ainsi que l’action d’un fort courant d’air. La transformation de la houille en coke se fait, soit en tas, comme le charbon de bois, lorsque la houille est peu chère, soit dans des fours spéciaux munis d’une cheminée qui permet de régler la marche de l’opération. La première méthode exige que la houille soit en gros morceaux et occasionne un déchet considérable. La seconde est à la fois régulière et économique ; fort lente, elle dure parfois quatre-vingt-seize heures ; les produits gazeux qui se dégagent renferment une grande quantité de chaleur qui est autant que possible utilisée pour le chauffage. Quant à la chaleur nécessaire à l’opération même, elle est fournie simultanément par la combustion d’une partie des produits de la distillation de la houille et par la combustion d’une certaine quantité de celle-ci, quantité qui doit naturellement être aussi faible que possible. La qualité d’un coke se détermine principalement par la proportion de cendres, puis par le degré de consistance. Les cendres devant reproduire toutes les substances étrangères primitivement contenues dans la houille, on a été conduit à épurer celle-ci et à utiliser alors des charbons qui étaient autrefois sans aucun emploi, par suite de la petitesse des morceaux et de l’impureté qu’engendre la présence de pyrites et de schistes dans la houille. Il n’y a pas bien longtemps que les charbons menus du célèbre bassin houiller de Newcastle étaient employés simplement à faire des remblais, ou même étaient brûlés sur place pour éviter l’encombrement aux abords de la mine. Depuis qu’on est parvenu, au moyen d’une opération vraiment pratique, à débarrasser ces menus des matières étrangères qui les souillent, on ne perd plus rien d’un minéral si précieux, dont la consommation semble croître avec une rapidité qui finira, dans un avenir assez éloigné, il est vrai, par devenir inquiétante.

D’abord tentée sur des charbons pyriteux des Vosges pratiquée en 1840 dans l’Allier, bientôt répandue à Saint-Étienne, essayée en 1846 par des fabricans de coke de Valenciennes, l’épuration de la houille est devenue depuis 1848, époque à laquelle elle a été adoptée en Belgique, une opération commune. On commence par amener les charbons à un état convenable de grosseur, en les tamisant sur une grille qui en retient une partie et laisse passer l’autre, broyée alors entre des cylindres cannelés. Ce classement par ordre de grosseur ; ayant une grande importance, est souvent l’objet de soins multipliés.