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très coûteuses : l’extraction du combustible y est nécessairement d’autant plus chère que les travaux deviennent plus promptement étendus et profonds tout à la fois, et que les frais qu’ils entraînent par cela même se répartissent sur une moindre quantité de puits. Ces couches sont situées d’ailleurs au-dessous d’un grès sablonneux, qui nécessite un boisage dispendieux des galeries, et qui, par une grande perméabilité, donne souvent une fâcheuse abondance d’eaux, à laquelle il faut opposer d’énergiques moyens d’épuisement. Les schistes du terrain anthracifère sont parfois tellement pyriteux, qu’ils peuvent prendre feu spontanément sous l’influence de l’air, et les eaux qui les ont lessivés, devenues excessivement acides, acquièrent une force corrosive dont on a de nombreux exemples. À la suite de la rupture d’un organe essentiel d’une forte machine à vapeur fonctionnant sur une mine située aux environs de Sablé, on avait dû, pendant une semaine, suspendre les travaux pour l’épuisement des eaux. Quand la machine eut été réparée, elle ne put fonctionner, un clapet de piston ayant été complètement mis hors de service par l’action corrosive des eaux, qui, en remontant dans l’intérieur durant le chômage involontaire, avaient baigné les schistes ; en quelques heures, les pistons en fonte étaient attaqués au point de se laisser entamer au couteau, et les boulons étaient réduits de moitié. L’habile directeur de la concession ne put se tirer de ce mauvais pas qu’en neutralisant l’acidité des eaux par une addition convenable de chaux. Cette saturation incomplète permit du moins d’attendre l’arrivée de pistons en bronze, qui seuls purent élever au jour les 15,000 mètres cubes d’eau qui avaient envahi la mine. Dans une exploitation voisine, située sur les bords de la Sarthe, un tube en tôle, d’une quarantaine de mètres, qui retenait les eaux sur le pourtour d’un puits, s’est inopinément rompu sous cette action corrosive, s’exerçant sur un métal dont l’épaisseur était insuffisante, et s’est aplati sur une dizaine de mètres. — On n’a constaté qu’exceptionnellement la présence du redoutable grisou dans les mines d’anthracite du Maine ; bien que peu abondant et ne donnant ordinairement lieu qu’à de petites inflammations sans danger, ce gaz a cependant provoqué parfois de véritables explosions suivies de la mort d’ouvriers.

La découverte de l’anthracite du Maine est uniquement due au