Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 13.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA CHINE
A LA VEILLE DE LA GUERRE
SOUVENIRS D'UNE CAMPAGNE DANS LES MERS DE TARTARIE, DE CHINE ET DU JAPON.

I. The Rationale of the China-Question, etc., by an American, Macao 1887. — II. Six Letters of an outside Barbarian, Edimburgh 1857. — III. Middle Kingdom, by Wells Williams, New-York 1847.




Le 15 juillet 1857, la nouvelle officielle de l’envoi d’un plénipotentiaire français près de la cour impériale de Pékin arrivait dans la colonie anglaise de Hong-kong. Cette mesure importante, depuis longtemps prévue, détruisait les espérances secrètes du vice-roi de Canton, et montrait que sur ce lointain théâtre, comme dans la vieille Europe, les deux premières nations de l’Occident poursuivent un but commun, à travers des différences inhérentes à leur nature, à leurs intérêts matériels, à leur constitution, — différences qui s’effacent heureusement dès que se trouvent en jeu les grands intérêts de la civilisation européenne. Que les esprits superficiels aient vu, qu’ils voient encore dans la nouvelle guerre où l’Angleterre est engagée contre l’empire du milieu le résultat d’un malentendu entre des autorités rivales ; qu’ils lui donnent pour cause telle passion personnelle, orgueil, vanité, intolérance : quiconque a étudié la marche des événemens en Chine depuis la guerre de 1840 ne peut voir dans cette nouvelle rupture qu’une conséquence fatale de la situation où se sont trouvées, dès la première difficulté qui les a mises en présence, deux civilisations différentes de principes, deux races hostiles et convaincues chacune de sa propre supériorité.