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mais, avant la fameuse éruption qui détruisit Pompéi, le volcan ne donnait aucun signe d’activité, et l’on sait que la ville fut ensevelie sous une pluie de cendres. Les volcans de l’Auvergne sont entièrement éteints, et quelques émanations d’acide carbonique trahissent seules aujourd’hui, dans cette partie de la France, l’activité souterraine qui autrefois amenait au jour ces immenses coulées de lave qu’on peut suivre jusqu’à quatre ou cinq lieues des cratères. Si jamais les volcans d’Auvergne devaient se réveiller, les premières explosions seraient sans doute annoncées par de violens tremblemens de terre ; les cratères nouveaux rejetteraient, avec une immense quantité de vapeurs et de gaz, des débris solides et des cendres qui retomberaient en pluie sur une partie peut-être considérable de la France.

Quelques-unes des éruptions dont l’histoire et la tradition nous transmettent le souvenir ont exercé les plus terribles ravages ; pourtant il faut avouer que la volcanicité, considérée comme une des fonctions de notre globe, ne joue aujourd’hui qu’un rôle assez insignifiant, Au moins est-il permis de dire que la volcanicité terrestre est bien faible, quand on la compare à celle de la lune. La surface de notre satellite est toute semée de volcans dont les cratères ont d’effrayantes dimensions. À ce sujet, je rappellerai que, suivant l’opinion adoptée par tous les astronomes, il n’y a point d’eau à la surface de la lune et qu’elle n’a point d’atmosphère. Comment les adversaires de la théorie plutonienne des volcans expliqueront-ils que les seules régions dépourvues d’air et d’eau que nous connaissions soient précisément les plus riches en montagnes ignivomes ? Ceux qui cherchent à rendre compte des phénomènes volcaniques, dans la large acception que leur donne M. de Humboldt, par la réaction d’un noyau fluide intérieur contre une mince enveloppe solide, n’ont aucun lieu de s’étonner de la volcanicité lunaire. L’analogie les oblige même à supposer que des forces pareilles à celles dont nous observons nous-mêmes les effets sur la terre doivent agir sur tous les corps célestes qui se refroidissent par d’insensibles gradations, en poursuivant leur course éternelle à travers l’espace.


AUGUSTE LAUGEL.