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Fossey vient de publier sous ce titre : le Mexique. L’auteur ne s’est point proposé d’écrire une histoire des révolutions politiques du Mexique ; il n’a point voulu non plus faire une statistique rigoureuse de son territoire, de ses produits, de ses richesses et de ses misères. Conduit au-delà de l’Océan, il y a bien des années déjà, vers 1830, par une de ces idées de colonisation qui ont séduit tant d’Européens, et qui auraient pu contribuer à rajeunir l’ancienne colonie espagnole, M. Mathieu de Fossey est resté longtemps au Mexique, et s’il ne parait pas avoir été plus heureux que bien d’autres dans ses tentatives de colonisation, il a rapporté de son voyage et de son séjour un livre instructif, où il mêle les récits, les observations, les peintures locales, les descriptions de mœurs. L’auteur met à nu les choses et les hommes. Or quelle est l’impression qui se dégage de ces récits ? C’est l’impression qui résulte de tous les faits propres à cette maussade histoire. Le Mexique est évidemment un pays qui aurait pu se sauver par l’énergie, par le travail, par l’intégrité des mœurs administratives, par le zèle de tous à protéger les immigrations, et qui n’a trouvé jusqu’ici d’autre moyen de vivre que de recourir à des expédiens et à des révolutions, lorsque chaque révolution est une étape de plus vers une dissolution devenue désormais peut-être inévitable.

CH. DE MAZADE.


UN CYCLE ÉLÉGIAQUE
GEIBEL. — GRÜN. — LENAU.

Les trois noms de Geibel, Grün et Lenau représentent toute une phase de la poésie germanique qui se continue encore, une sorte de cycle élégiaque dont nous essayons de donner ici l’idée par quelques traductions choisies. Dans ce groupe de courtes élégies divisé en trois parties, — dominées chacune par un nom de poète, — on suivra sans peine la gradation du même sentiment, qui, d’une vague tristesse avec Geibel, s’élève à l’émotion avec Grün, et atteint avec Lenau à la plus âpre mélancolie.

I


TESTAMENT.


Tout parle ici de toi ! — Voici ton banc rustique,
Ton jardin, la terrasse où tu rêvais le soir,
Ta couche virginale et le prie-Dieu gothique
Où tu t’agenouillais, ange du vieux manoir !