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et consciencieuse. Il y a là bien des points à examiner, et l’on est étonné de toutes les perspectives qui s’ouvrent à la lecture d’une composition si originale. La traduction anglaise, confiée à des savans de premier mérite donnera sans doute lieu à des additions et à des complémens utiles. Dans sa forme actuelle, on peut dire que cet ouvrage sera utilement lu et médité par les savans comme par les gens du monde qui, forcés de croire sur parole, veulent au moins une garantie dans la compétence de l’auteur qu’ils prennent pour autorité sans contrôle. J’ai souvent réclamé pour chaque partie des sciences un aide-mémoire qui enregistrât toutes nos richesses en chaque genre. L’Astronomie de M. Arago est un bon point de départ pour un aide-mémoire astronomique par le grand nombre de questions nouvelles qu.y sont abordées, et toujours par un écrivain qui, à juste titre, parle en maître. Je dirais donc, au public qui me fait l’honneur de me consulter : — Lisez l’Astronomie populaire d’Arago. — Je viens de la lire. — Eh bien ! relisez-la.

J’ai toujours examiné avec attention ce qui, dans la physique de la nature, pouvait nous éclairer sur le passage de la terre des époques cosmogoniques, où cette masse était pour ainsi dire en voie de formation, aux époques géologiques, où notre globe, déjà séparé de tout autre corps et même de son satellite, la lune, se constituait comme nous le voyons maintenant, et donnait naissance à tous les produits des périodes géologiques successives, minéraux, végétaux et animaux. J’ai beaucoup insisté, sur la cause qui empêche les eaux de s’infiltrer au travers des crevasses du sol pour laisser la surface à sec, comme cela a lieu pour un terrain meuble qu’on arrose. Le célèbre astronome Lalande revenait sans cesse sur cette nécessité d’admettre que, dans l’intérieur du globe, il devait se trouver d’immenses nappes d’eau provenant des fentes du sol qui auraient donné passage aux réservoirs superficiels. La vraie cause de la non-infiltration des eaux réside dans la chaleur centrale de la terre, qui, à une assez faible profondeur est déjà telle qu’elle réduit en vapeurs et rejette à l’extérieur, en lui faisant rebrousser chemin, toute l’eau qui pénètre dans ses fissures profondes ; mais dans ces immenses profondeurs le liquide, fortement pressé pas une formidable colonne d’eau supérieure et chauffé à une très haute température, doit acquérir des propriétés chimiques toutes nouvelles. Quelques essais anciennement tentés par M. Chevreul, les curieuses expériences de M. Cagniard de La Tour sur ce qu’on pourrait appeler des liquides élastiques, avaient déjà montré tout ce que ce sujet peut fournir à la physique et à la chimie. D’importans et heureux résultats étaient aussi dus à M. de Sénarmont. M. Daubrée vient d’essayer cette méthode au point de vue géologique. Il a renfermé de l’eau et des matières diverses dans des tubes de fer qu’il a ensuite chauffés fortement, et pendant plusieurs semaines successives, pour examiner les réactions produites, sous la double influence de la chaleur et des affinités chimiques. On voit qu’il était dans les mêmes conditions qu’offre le laboratoire de la nature avec l’eau fortement comprimée et chauffée dans les entrailles de la terre. Eh bien ! Il a obtenu du quartz anhydre, du pyroxène et du, charbon de terre dans une eau qui ne pouvait s’évaporer. Il a obtenu, de même plusieurs formations géologiques tout à fait inattendues. Ainsi, nous sommes conduits à