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REVUE MUSICALE

BEETHOVEN, SES CRITIQUES ET SES GLOSSATEURS.[1]
— LA MUSIOUE INSTRUMENTALE EN FRANCE.



Il en sera bientôt de l’œuvre de Beethoven comme des poèmes d’Homère, de Dante ou de Shakspeare : elle aura suscité toute une littérature de gnoses, de commentaires, de biographies et d’explications critiques. C’est la marche inévitable de l’esprit humain. Après l’âge héroïque, qui, dans les arts, est l’âge des grandes créations, vient la période historique, où l’on raconte les faits accomplis. L’imagination produit d’abord ses miracles, puis la raison s’éveille, s’efforce de marcher sur les traces de sa divine messagère, pour en comprendre les secrets et les transmettre aux générations futures. C’est ainsi que se forment les écoles et les traditions.

Il existe un grand nombre de biographies de Beethoven plus ou moins intéressantes. Parmi celles qui méritent d’être mentionnées, nous citerons d’abord la notice publiée à Coblentz en 1838 par deux amis du grand symphoniste, le docteur Wegeler et Ferdinand Ries, pianiste et compositeur distingué. Les deux amis se sont proposé d’écrire moins une histoire de la vie entière de Beethoven qu’un recueil de pieux souvenirs concernant l’enfance et les œuvres principales de l’auteur de la Symphonie héroïque. M. Antoine Schindler, un élève et l’ami dévoué du grand musicien, auprès duquel il a passé plusieurs années, et qu’il a vu mourir dans ses bras, a publié à Munster en 1845 une vie de son maître, qui en est à la seconde édition, et qui reste la meilleure source de renseignemens certains que l’on puisse consulter. Je ne parle ni des nombreux articles que les journaux et les recueils périodiques de l’Allemagne ont consacrés au génie de Beethoven, ni des indiscrétions des touristes anglais qui ont assailli la vieillesse de cet homme extraordinaire.

  1. Leipzig, Brockhaus.