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697 millions, les recettes seraient de 1 milliard 735 millions. Parmi les recettes est compris l’impôt nouveau sur les valeurs mobilières. Dans les derniers travaux du corps législatif, les affaires financières occupent une assez grande place, et au nombre de ces affaires, l’une des plus importantes est assurément le projet de loi pour le renouvellement du privilège de la Banque de France. Les conditions de ce renouvellement se résument en quelques points principaux. La durée du privilège est prorogée de trente ans. Le capital de la Banque, qui était représenté par 91, 250 actions, sera porté désormais au chiffre de 182, 500 actions d’une valeur nominale de 1, 000 francs. Cette augmentation de capital n’est point précisément un avantage pour la Banque, qui reste chargée de verser au trésor public en 1859 une somme de 100 millions, en échange d’une quantité proportionnelle de titres de rente au taux, fixé dès aujourd’hui, de 75 francs. Cette somme doit être appliquée aux découverts actuels du trésor, en d’autres termes à l’extinction de la dette flottante. Ce qui est plus avantageux pour la Banque, c’est la faculté qui lui est accordée d’ajouter en certaines circonstances un droit de commission au taux de ses escomptes et de ses avances. La Banque ne peut prêter à des conditions qui dépassent le taux de l’intérêt légal. Il arrive souvent cependant que la valeur réelle de l’argent est supérieure à ce taux ; dans ce cas, la Banque pourra rétablir l’équilibre par le moyen qui lui est offert. Au demeurant, les conditions de ce grand établissement de crédit vont être modifiées ; il reste à savoir si ces conditions nouvelles qui lui sont faites seront complètement en harmonie avec les lois du vrai crédit, si elles profiteront entièrement, exclusivement aux affaires sérieuses, au commerce, à l’industrie, c’est-à-dire à la richesse réelle du pays.

Quand l’Académie des Sciences morales et politiques tenait récemment une de ces séances qui ont toujours un attrait aussi sérieux qu’élevé dans une société intelligente, on se disait malgré tout que la politique ne consiste pas seulement à résoudre les problèmes de tous les jours, mais à les étudier aussi dans leurs principes, leurs conséquences, dans tout ce qui les rattache aux phénomènes généraux de l’ordre social. La dernière séance académique avait le double intérêt d’une lecture du secrétaire perpétuel, M. Mignet, et du compte-rendu d’un concours qui embrassait les questions les plus diverses : sur la philosophie de saint Thomas d’Aquin, sur le rôle de la famille dans l’éducation, sur les conditions morales et économiques des divers régimes auxquels les contrats nuptiaux ont été soumis en France. Elle avait aussi proposé un prix pour un manuel d’économie politique à l’usage des classes ouvrières, et enfin elle avait offert à tous les esprits hardis cet autre sujet, le plus sérieux, le plus délicat, et non certes le moins intéressant : « Exposer et apprécier l’influence qu’a pu avoir en France sur les mœurs la littérature contemporaine considérée surtout au théâtre et dans le roman. » Si l’on veut prendre une idée du nombre de travaux que provoquent ces concours, il suffit de connaître un fait constaté par l’orateur de l’Académie. Ces diverses questions ont produit soixante-dix-sept mémoires, des mémoires dont quelques-uns sont des livres, qui n’ont pas tous, il est vrai, le même intérêt, mais qui supposent en général de l’intelligence, du savoir et un certain goût du travail de l’esprit. C’est un professeur de l’Université, M. Jourdain, qui a obtenu le prix pour un résumé sur la philosophie de saint