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— Cela n’est pas difficile à deviner. Il s’agit de son royal parent, M. Le duc de Glucksbourg, l’héritier désigné de la couronne danoise, et en second lieu du prince royal de Suède, déjà vice-roi de Norvège et futur héritier du trône suédois. L’apologie du duc de Glucksbourg, qui forme une bonne partie de la brochure, n’est qu’une réponse au cordial accueil fait récemment à Copenhague au fils du roi de Suède, lorsqu’il y est venu, en septembre dernier, à la suite des fêtes scandinaves de 1856, pour introduire, assura-t-on, sa majesté Frédéric VII dans les hautes régions de la franc-maçonnerie ! Le journal officiel danois eut la naïveté d’annoncer que la promenade aux flambeaux préparée en l’honneur du prince suédois par les étudians de Copenhague n’aurait aucun caractère politique, comme s’il eût craint que les ardens du parti ne relevassent le lendemain, dans la cour du château de Christiansborg, sur le triple pavois du Nord. On s’est contenté de remercier publiquement le prince de la sympathique ardeur qu’il avait plus d’une fois chaleureusement exprimée en faveur des intérêts scandinaves. Un journal cependant a osé de plus instituer entre le duc de Glucksbourg et le prince royal de Suède un parallèle singulièrement flatteur pour ce dernier, singulièrement défavorable au prince danois, et qui a fait sensation dans tout le Nord. Nous ne nous permettrons pas de le reproduire ici, bien que M. Le baron de Blixen-Finecke nous en ait donné le droit, et nous y ait presque invité même, en acceptant, lui aussi, dominé sans aucun doute par ce souvenir, que la question fût posée entre deux personnes.

Non, la question n’est pas personnelle, elle est nationale. Il s’agit pour les peuples scandinaves de s’unir pour être indépendans et forts. Il s’agit pour le Danemark en particulier d’échapper enfin à l’influence, à la pression germanique, et de conquérir à l’intérieur quelque unité. La légalité instituée par le Helstat et le traité de Londres s’opposent à l’union scandinave, cela est vrai ; mais, puisque les grandes puissances allemandes portent aujourd’hui une première atteinte à l’édifice qu’elles ont elles-mêmes contribué à élever malgré les vœux du Danemark, il semble qu’une légalité nouvelle pourrait remplacer, grâce à la diplomatie, celle qui contient tant de périls. En tout cas, une alliance politique, un traité de commune défense conclu entre les trois peuples, dont la race et les intérêts sont communs, sauverait peut-être en ce moment celui des trois qui est si dangereusement menacé. Qu’il nous suffise à nous, — c’était notre unique dessein, — d’avoir montré l’entier développement d’une idée généreuse, depuis son berceau, tout poétique et littéraire, jusqu’à son entrée, bien constatée par la récente circulaire de M. de Scheele, dans le domaine de la politique et de la diploma-