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baron de Blixen-Finecke[1], montre bien qu’on ne dédaigne plus réellement le mouvement scandinave, mais qu’on essaie de le diriger à son profit. M. de Blixen-Finecke, sujet suédois et danois en même temps par les riches domaines qu’il possède en Scanie et dans l’île de Fionie, était naguère encore en Danemark le chef de l’opposition aristocratique contre le progrès des institutions libérales ; il est maintenant converti au scandinavisme. « L’union politique des trois royaumes du Nord sous un seul roi, dit-il, avec communauté de douanes, de monnaie, de poids et de mesures, est chose très désirable, et à laquelle l’assentiment de l’Europe, au cas d’une solution présente, ne saurait manquer. » L’idée du scandinavisme a fait depuis dix ans, et particulièrement depuis trois années, M. de Blixen-Finecke le reconnaît, des progrès incontestables. Ce n’est plus seulement la jeunesse des universités qui la proclame ; elle est adoptée, dit l’auteur, par les esprits les plus sérieux et les plus élevés dans la nation. — Mais, continue-t-il, l’idée scandinave ne saurait prétendre à fouler aux pieds les droits reconnus par l’Europe, car alors elle ne serait plus qu’une violence révolutionnaire que les cabinets européens ne laisseraient pas triompher. Comment donc faire pour réaliser le scandinavisme pratique ? M. de Blixen-Finecke propose « une adoption réciproque et mutuelle des deux familles royales de Suède-Norvège et de Danemark, de telle sorte que la descendance mâle survivante restera seule en possession des trois couronnes. » Or le roi Oscar a aujourd’hui trois fils, dont le premier est marié depuis quelques années seulement ; le duc de Glucksbourg a lui-même deux fils. Pour peu que l’une des deux dynasties atteigne une durée semblable, par exemple, à celle de la maison d’Oldenbourg, qui s’éteint aujourd’hui en Danemark, le scandinavisme verra ses vœux réalisés dans quatre cents ans d’ici, vers l’an de grâce 2250 ! C’est lui laisser le temps de la réflexion. — L’auteur ne plaisante pas cependant ; il n’imagine pas d’autre moyen pour réaliser l’union qu’il croit salutaire, et, comme il tient d’ailleurs à justifier le titre de son écrit, voici comment la proposition qu’il a faite devient pratique à son point de vue : « Si cette proposition, dit-il, est rejetée par ceux qui ont mis en avant des souhaits et des espérances pour une alliance scandinave, nous saurons bien désormais de quelle nature est véritablement leur scandinavisme, nous saurons que nous avons affaire ou bien à de purs idéalistes, ou bien aux adhérons d’une politique toute personnelle, n’ayant d’autre dessein que d’éloigner une certaine personne au profit des plans ambitieux d’une certaine autre… » Quelles sont les deux personnes que désigne M. de Blixen-Finecke ?

  1. Skandinavismen practisk, in-12.