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dispose d’aucun suffrage. Dans le cas d’égalité des votes, c’est seulement en Irlande qu’il jouit du privilège de la voix prépondérante, en Écosse, il lui est enjoint de proclamer les deux membres élus par le même nombre de voix, et en Angleterre, si le silence de la loi semble lui laisser la liberté de prendre l’un ou l’autre parti, l’usage lui commande l’abstention : c’est à la chambre des communes que doit être laissée la responsabilité de la décision, qui aboutit soit à une enquête sur les votes, soit à une nouvelle élection. Jusque-là, le droit de siéger provisoirement au parlement appartient au premier occupant, s’il prend à l’un des nouveaux élus la fantaisie d’user d’un tel privilège, et il devient alors comme le prix de la course.

C’est uniquement en vue de la protection de l’ordre public que l’officier électoral est appelé, s’il y a lieu, à exercer les pouvoirs qui lui sont confiés. Il est particulièrement chargé de ne négliger aucune précaution pour mener l’élection à bonne fin, et si les mesures de sûreté qu’il a prises sont insuffisantes pour la conservation ou le rétablissement de la tranquillité, il peut appeler à l’aide de la police la force militaire, afin que la répression ne se fasse pas attendre. Dans le cas de tumulte, il est même autorisé à suspendre les opérations et à ajourner soit la nomination, soit le vote.

L’impartialité la plus scrupuleuse peut seule assurer, dans la lutte électorale, à l’officier qui est préposé à l’élection le respect de son autorité, et en aucune circonstance elle ne lui fait défaut, malgré toutes les difficultés qui peuvent se rencontrer sur les hustings dans la conduite d’une discussion. Ainsi, le jour de la nomination dans le comté de Middlesex, après les discours des candidats, un partisan de lord Grosvenor, l’un des concurrens, avait repris la parole en sa faveur, et un second orateur se disposait à lui succéder en vue de défendre la même candidature; mais les amis du compétiteur de lord Grosvenor, le vicomte Ghelsea, voulaient l’en empêcher et lui opposaient leurs réclamations. Le shériff Mechi, les trouvant fondées, déclare qu’il ne peut pas laisser parler à la suite deux partisans du même candidat, et il veut faire retirer le nouvel orateur de la tribune. Celui-ci faisant quelque difficulté pour obéir, le shériff, s’avançant sur le devant des hustings, s’interpose courtoisement entre lui et l’auditoire, et il l’empêche de reprendre sa place en lui opposant sa haute stature avec son ample vêtement de soie et de fourrure. La foule accueillit cet incident par des rires auxquels l’orateur réduit au silence ne fut pas le dernier à prendre part, et le shériff s’empressa de venir avec bonhomie donner quelques mots d’explication pour justifier, on pourrait presque dire pour excuser son intervention. En effet, l’officier préposé à l’élection met ses efforts à donner tous les témoignages de son impartialité en évitant les actes, les mots, les appa-