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a été, sur le point principal, négative. L’affaire de la constitution commune est un fait accompli; le Danemark, qui ne l’a acceptée naguère qu’à regret, forcé qu’il y était par cette même diplomatie allemande qui lui fait un crime aujourd’hui de son ancienne obéissance, ne peut pas la remettre en question aujourd’hui et permettre aux cabinets de Vienne et de Berlin d’intervenir dans ses affaires intérieures sans reconnaître, en face de ce dernier affront, qu’il n’a plus aucune indépendance. La question n’est pas purement allemande, puisque la confédération prétend faire modifier la constitution commune à toutes les parties de la monarchie danoise, même aux parties scandinaves. La guerre la plus injuste peut donc éclater, si les grandes puissances ne sauvegardent pas l’équilibre européen en sauvant le Danemark.

Oui, le Danemark, dans l’état actuel des choses, n’a en perspective, en dehors d’un arbitrage des grandes puissances, que la guerre même. S’il eût accepté l’ultimatum allemand tel qu’il a été récemment présenté, les duchés, triomphant de son excès d’humiliation, eussent senti leur force, désapprouvé la constitution commune en vigueur depuis deux années, et résisté plus énergiquement que jamais au Helstat. Le Danemark a refusé, et il refuserait sans doute aussi un ultimatum de la diète de Francfort; alors quelle autre issue que les deux que nous avons indiquées? Voici en attendant (nouvelle preuve de la dislocation du Helstat) que le duché de Slesvig, province tout à fait danoise, mais infectée dans sa partie méridionale de l’influence allemande, et entraînée par là vers l’ancien et factieux projet d’une alliance avec le Holstein, a répondu au gouvernement danois par le refus de voter l’impôt! C’est la guerre civile en attendant la guerre étrangère. L’une et l’autre sont prêchées aux duchés, y compris le Slesvig, par les pamphlets allemands. Pour quelques livres ayant en vue la conciliation[1], il y a vingt brochures belliqueuses. Qu’on lise les Lettres sur le Slesvig-Holstein, de M. Moritz Busch, les articles de M. E.-M. Arndt dans la Gazette de Cologne, et les écrits de M. Wilhelm Beseler. « Le Danois, dit M. Arndt, pénètre au milieu des Allemands comme une dangereuse graine. Il s’attribue la force et la puissance, et prétend réussir, avec le temps, à faire disparaître la race allemande pour la faire entrer de force dans sa petite nationalité ! Le cœur se soulève devant les violences hypocrites de ces Danois, qui ne s’abstiennent pas même du crime. En sera-t-il longtemps ainsi? Non, répondent les cœurs généreux. Le jour des représailles approche. Il sème une haine qui

  1. Voyez le livre intéressant de M. R. Quehl, consul-général de Prusse en Danemark, intitulé Aus Dänemark (1856, petit in-8o).