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la liberté de conscience a suscité la guerre civile, car, sans la liberté de conscience, qu’elle revendiquait, une partie de la noblesse française n’eût jamais trouvé moyen de tenir tête à la royauté. Préparé à l’intelligence, à l’explication de ces faits, l’historien de Henri IV n’a rien négligé pour les mettre en évidence. Il a compris que le règne des derniers Valois pouvait seul rendre compte des premières années du règne de Henri IV. Sa prétention n’est pas de donner au Béarnais une physionomie nouvelle. Il contrôle librement les témoignages; mais après les avoir contrôlés, il les accepte sans réserve, et ne s’attache pas à les interpréter d’une manière inattendue. Il consent à se trouver de l’avis de ses devanciers, quoiqu’il ait étudié autrement qu’eux le sujet qu’ils ont déjà traité. Il n’a pas le goût du paradoxe, et ne cherche pas à tirer parti des documens qu’il tient entre ses mains pour étonner le lecteur. C’est une preuve de bon sens et de modération que je loue avec empressement, car ce n’est pas une vertu vulgaire parmi les historiens de nos jours. Chaque fois qu’ils disposent de documens inédits, ils n’ont rien de plus pressé que de concevoir et de dessiner une physionomie inattendue. Leur plus grand plaisir est de dérouter les opinions accréditées. M. Poirson, qui a dépensé les plus belles années de sa vie dans l’enseignement de l’histoire, dont l’autorité est depuis longtemps établie, ne cède pas à ces tentations puériles. Il ne tient pas à étonner, il tient à instruire. Quand ses études l’obligent à confirmer les croyances acceptées depuis nombre d’années, il ne s’effraie pas de cette nécessité. Ainsi ceux qui chercheraient dans son dernier livre un portrait du Béarnais qui ne s’accorde pas avec les portraits dessinés par les historiens qui l’ont précédé seraient complètement désappointés. La figure que nous avons devant nous ressemble à celle que nous connaissons déjà. Ce qui donne au livre de M. Poirson une valeur singulière, ce qui le recommande à l’attention des érudits et des hommes du monde, c’est qu’il n’y a pas dans son récit un fait dont il ne puisse fournir la preuve. Il dit ce qu’il sait et n’invente rien, il raconte ce qu’il a trouvé dans le témoignage des contemporains, et n’essaie pas d’ajouter des traits nouveaux qui pourraient séduire l’imagination, mais qui ne s’accorderaient pas avec la sévérité loyale de l’histoire. Ceux qui aiment l’inattendu se plaindront sans doute, car M. Poirson laisse debout le Béarnais des croyances populaires; mais ceux qui aiment la vérité ne se plaindront pas, car ils sauront gré à l’auteur de n’avoir rien négligé pour former sa conviction, et pour eux croire ce qu’ils croyaient ne sera pas un désappointement.

D’ailleurs, si M. Poirson ne donne pas au Béarnais une physionomie nouvelle, il traite avec un soin scrupuleux toutes les questions