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États-Unis sont ceux qui s’adressent à une secte religieuse en particulier, et dans lesquels la littérature et la philosophie cèdent la première place à la théologie. Les revues religieuses réunissent en effet les deux conditions qui peuvent donner de la vitalité et de la valeur à une publication périodique, d’une part une clientèle fidèle, de l’autre des traditions et l’esprit de suite. Le départ ou la mort d’un homme ne suffit pas pour faire périr le recueil le plus florissant : il se trouve toujours quelque membre du clergé ou quelque professeur de séminaire pour reprendre et poursuivre l’œuvre commencée. On ne sera donc point surpris de trouver aux États-Unis des revues religieuses qui comptent déjà de longues années, et au double point de vue du mérite littéraire et de l’influence, elles l’emportent peut-être sur les recueils politiques et littéraires. La plus ancienne est aujourd’hui le Christian Examiner, établi en 1818, mais qui succédait immédiatement au Christian Disciple, fondé à Boston en 1812 par Noah Worcester, un des premiers apôtres de la doctrine unitaire. Le Christian Examiner a eu dans la Nouvelle-Angleterre une popularité et une influence qui s’expliquent par la collaboration de tous les membres éminens du clergé unitaire. Le docteur Dewey, qui était le métaphysicien de la secte, Channing, qui en était le moraliste, les deux Ware, qui en étaient les théologiens, ont été pendant de longues années les rédacteurs assidus de l’Examiner, et c’est à côté d’eux que M. Brownson a débuté dans la carrière des lettres. Le Répertoire biblique, qui se publie depuis 1824, est l’organe d’une école théologique renommée, le collège de Princeton. La Revue chrétienne, qui remonte à 1835, a eu pour rédacteurs principaux les docteurs Wayland, Sears, Williams, et autres notabilités du clergé baptiste. Le New-Englander a été fondé en 1843, à New-Haven, par les congrégationalistes. Néanmoins tous ces recueils s’effacent devant une revue qui a droit à une mention spéciale à cause de l’action puissante qu’elle a exercée.

Les études théologiques ont toujours été florissantes aux États-Unis : la rivalité des sectes n’a pas faiblement contribué à ce résultat en entretenant une vive émulation entre les membres des différens clergés ; mais ici encore l’impulsion venait des universités et des écoles d’Angleterre, envahies depuis longtemps par le relâchement et la routine. La théologie semblait avoir presque entièrement pour objet la controverse, surtout la controverse avec le catholicisme, et quoique l’étude de l’hébreu fût cultivée plus généralement et avec plus de succès aux États-Unis qu’en Angleterre et en France, elle était invariablement ramenée à l’interprétation littérale des textes sacrés. Les commentaires sur la Bible pullulaient, mais les commentateurs semblaient n’envisager les deux Testamens que