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ancienne et moderne à Harvard. Il eut pour successeur dans la direction de la revue M. Alexandre Everett.

Plus âgé que son frère de quatre ans, M. Alexandre Everett, né à Boston en 1790, débuta dans l’Anthologie presque au sortir du collège. Il entra de bonne heure dans la carrière politique, où son savoir étendu et sa rare capacité hâtèrent ses progrès. Dès 1818, il fut envoyé en Hollande avec le titre de chargé d’affaires, et il y demeura jusqu’en 1824. Les loisirs de ses fonctions officielles furent consacrés par lui à des études sur l’économie politique, qui aboutirent à la publication d’une réfutation de Malthus. Il adressa en outre d’Amsterdam au recueil que dirigeait son frère quelques articles sur la littérature et la philosophie françaises au XVIIIe siècle, dont il avait fait une étude spéciale. En 1824, il alla représenter son pays à Madrid, où il continua d’écrire sur l’économie politique. Le service le plus grand qu’il ait rendu aux lettres pendant son séjour à Madrid a été d’user de sa situation et de son crédit pour ouvrir à Washington Irving, à Prescott, à Ticknor et à Longfellow les archives et les bibliothèques de l’Espagne, et de contribuer ainsi à faire naître trois ouvrages remarquables : la Vie de Christophe Colomb, l’Histoire d’Isabelle et de Ferdinand, et l’Histoire de la littérature espagnole. De retour aux États-Unis à la fin de 1829, il acquit la propriété de la Revue de l’Amérique du Nord, où il traita personnellement les questions d’économie sociale et de politique intérieure. Supérieur peut-être à son frère Edward pour la profondeur du savoir et la portée d’esprit, M. Alexandre Everett est toujours demeuré au-dessous de lui comme critique et comme écrivain. Il céda sa revue au docteur Palfrey en 1835 pour rentrer dans la politique active, et depuis lors il n’a guère écrit que dans la Revue de Boston ou dans la Revue démocratique de New-York. Des mains du docteur Palfrey, la Revue de l’Amérique du Nord est passée, en 1842, dans celles de M. Francis Bowen.

Outre Jared Sparks et les deux Everett, presque tous les écrivains éminens des États-Unis ont collaboré à la Revue de l’Amérique du Nord. Elle a compté parmi ses rédacteurs le célèbre jurisconsulte Story, M. Henry Wheaton, connu par ses écrits sur le droit international et par son Histoire des invasions des Normands, Daniel Webster, l’historien Prescott, qui, au retour de ses voyages, y publia des articles sur la littérature italienne et sur l’Espagne, enfin l’émule de Prescott, M. Bancroft. Le premier poème de M. Cullen Bryant, Thanatopsis, a paru en 1818 dans la Revue de l’Amérique du Nord. Un nom glorieux manque à cette liste, celui de Fenimore Cooper, dont cette revue critiqua amèrement le premier roman américain, l’Espion, et pour qui elle est toujours demeurée fort injuste. La critique