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York qui vient immédiatement après le Knickerbocker est celui de Putnam. La Revue démocratique, fondée à Washington en 1837 par M. O’Sullivan et transférée à New-York en 1841, est le recueil politique qui a eu le plus de succès aux États-Unis : elle a été dirigée à la fois avec habileté, dignité et bon goût. Le parti whig a cru devoir lui opposer un recueil mensuel qui se publie également à New-York : c’est la Revue américaine, établie en 1844 par George H. Colton.

À Boston se publient les recueils mensuels les plus anciennement fondés. Le premier en date est l’American Baptist Magazine, créé en 1803 par le révérend Thomas Baldwin. Après lui vient le Missionary Herald, qui ne porte ce nom que depuis 1820, et qui a été formé en 1808 par la réunion du Missionary Magazine, fondé en 1805, avec une publication rivale, le Panoplist, datant de 1806. Ces deux recueils, dont la circulation est très grande, ont pourtant, comme le titre l’indique suffisamment, un caractère religieux, et sont presque exclusivement rédigés par des membres du clergé protestant. Les recueils purement littéraires ont eu beaucoup plus de peine à se faire une place. En 1803, Phineas Adams forma à Boston, sous le nom de Club de l’Anthologie, une réunion de jeunes gens qui avait pour objet la culture des lettres et la discussion des matières philosophiques. Les principaux membres de cette société littéraire étaient le professeur Ticknor, connu depuis pour son Histoire de la Littérature espagnole, l’aîné des deux Everett, William Tudor, les docteurs Bigelow et Gardner, les ministres Buckminster, Thatcher et Emerson, père du philosophe. Un recueil fut fondé, sous le nom d’Anthologie, pour publier les productions des membres de la société ; il parut jusqu’en 1811. La guerre éclata alors avec la Grande-Bretagne, et l’élection de Madison à la présidence fut l’occasion d’une lutte acharnée entre les partis : au milieu de cette crise, la plupart des membres du club se dispersèrent ou se jetèrent dans la vie politique, et l’Anthologie discontinua sa publication. Ce recueil paraît avoir eu quelque valeur ; mais son principal titre est d’avoir été le berceau de la revue la plus estimable que possèdent les États-Unis, la Revue de l’Amérique du Nord, qui a eu, on le verra, les mêmes fondateurs. Aucun des recueils mensuels publiés à Boston ne s’est distingué jusqu’ici par un mérite exceptionnel. Le seul qui ait fixé l’attention et exercé une action sur les esprits n’a eu qu’une existence éphémère : c’est le Dial, recueil philosophique cî littéraire, établi en 1840 par Ralph Waldo Emerson, et qui fut rédigé presque entièrement par lui et la célèbre Marguerite Fuller[1]. Le Dial ne vécut que quatre années.

  1. Voyez, sur Marguerite Fuller, la Revue du 1er avril 1852.