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Thomas, et auquel collaboraient Washington Irving, le romancier Paulding, et le célèbre ornithologiste Wilson. Le succès de l’Analectic Magazine fut très grand et s’étendit à toutes les parties de la confédération; mais les frais étaient excessifs. Malgré le grand nombre des souscripteurs, il fut impossible d’y faire face, et l’Analectic Magazine cessa de paraître après huit ou neuf ans d’existence. Il avait cependant ouvert la voie que des successeurs plus heureux ont parcourue avec honneur et profit. Aujourd’hui encore les magazines de Philadelphie l’emportent de beaucoup sur ceux de New-York et de Boston par la variété de la rédaction, par la beauté des gravures, et par le nombre des abonnés. Les plus prospères sont le Livre des Dames (the Lady’s Book) et le Graham’s Magazine. Tous deux ont commencé très modestement, et ne vivaient d’abord que des dépouilles d’autrui, choisissant dans les divers recueils publiés en Angleterre et aux États-Unis, et surtout dans les magazines anglais, les matériaux de leurs numéros mensuels. A mesure que leur clientèle s’est étendue et que leurs ressources ont augmenté, ils ont joint à ces articles d’emprunt un nombre de plus en plus considérable d’articles originaux, et ils ont fini par s’attacher à grands frais les meilleurs écrivains des États-Unis. Aujourd’hui le Graham’s Magazine est presque exclusivement composé d’articles et de romans inédits : c’est pour ce recueil que Fenimore Cooper a écrit les Ilots de la Baie (the Islets of the Gulph). Le Graham’s Magazine est le plus répandu de tous les recueils américains, car il tire au-delà de 35,000 numéros. Le Livre des Dames a environ 30,000 lecteurs; le Godey’s Magazine et le Sartain’s Magazine, qui se publient également à Philadelphie, en ont chacun de 15,000 à 20,000.

New-York n’a possédé aucun recueil littéraire digne de mention jusqu’en 1824, époque où fut fondé l’Atlantic Magazine, qui ne tarda pas à échanger ce titre contre celui de New-York Monthly Review, et qui dut quelques années de succès à la collaboration d’un écrivain spirituel, Robert G. Sands, et du poète Bryant. C’est aussi dans ce recueil que Dana a publié son premier poème, le Corbeau mourant (the Dying Raven). En 1832, le romancier G.-F. Hoffmann fonda le Knickerbocker Magazine, qui passa bientôt de ses mains dans celles de Timothée Flint, puis dans celles du rédacteur en chef actuel, Lewis Gaylord Clark. Le Knickerbocker a été un des recueils les plus brillans des États-Unis; il a eu pour collaborateurs assidus Washington Irving, Paulding, William Ware, qui y a publié son roman épistolaire de Zénobie, Bryant et Longfellow. C’est dans ses colonnes qu’ont débuté, comme critiques ou comme auteurs de nouvelles, presque tous les jeunes écrivains qui, depuis vingt ans, sont arrivés à la réputation aux États-Unis. Le magazine de New--