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la frontière espagnole. Enfin la même compagnie est en instance auprès du gouvernement espagnol pour obtenir la prolongation de la ligne de Saragosse à la frontière française, où elle se souderait avec notre réseau du midi.

De toutes ces lignes, celle de Madrid à Alicante est seule parvenue à un état qui permette un commencement d’exploitation. On a déjà pu livrer au public une étendue de 276 kilomètres. Sans traiter maintenant avec plus de détails tout ce qui a rapport à cette ligne importante, il faut d’abord achever la nomenclature des chemins concédés et en construction.

L’ensemble des voies ferrées qui forment le réseau de l’est de l’Espagne s’élève dès aujourd’hui à 1,678 kilomètres. Viennent ensuite les lignes du sud proprement dit, celles de l’Andalousie, peu nombreuses, peu avancées, et encore plus isolées que les précédentes des autres parties de l’Espagne. La plus ancienne, la seule exploitée jusqu’à ce jour est celle de Xérès au port de Santa-Maria, d’une longueur de 27 kilomètres, concédée à une compagnie constituée au capital de 3,250,000 fr., et qui a donné en 1855 un produit brut de 29,500 francs par kilomètre. La société générale de crédit (crédit mobilier Prost) a obtenu la concession de la ligne de Séville à Xérès, faisant suite à la précédente, d’une étendue de 100 kilomètres, et de celle de Puerto-Real à Cadix, d’une longueur de 31 kilomètres seulement. Enfin vient le chemin de Séville à Cordoue, d’une longueur de 130 kilomètres, concédé à la société générale de crédit mobilier espagnol (crédit mobilier Pereire). Il faut mentionner aussi la ligne de Cordoue au district houiller de Belmez et d’Espiel, d’une étendue de 70 kilomètres, sur laquelle aucun travail n’a encore été entrepris, et dont les études ne sont point terminées. Total : pour les lignes du sud, 358 kilomètres.

En jetant un coup d’œil sur l’ensemble de ces lignes concédées définitivement, on ne peut manquer de reconnaître l’importance de trois concessions principales : celle du chemin du Nord, qui joint Madrid au golfe de Gascogne et à la France ; celle du chemin de Saragosse et d’Alicante, qui relie la capitale à la Méditerranée et sert à la jonction de Madrid avec les Pyrénées et Barcelone par l’Aragon ; enfin, et quoique dans un degré inférieur, la ligne de Séville à Cordoue, qui part du point où le Guadalquivir cesse d’être navigable pour nouer les relations de l’Andalousie et de Cadix avec le centre du royaume. Cependant, après avoir constaté l’utilité de ces grandes lignes, on découvre bientôt ce qui manque à chacune d’elles, et ce qui manque par conséquent à l’Espagne pour constituer un réseau de voies ferrées national et complet. Ainsi la ligne du nord aboutit à la Bidassoa ; mais comment rejoindra-t-elle le réseau français ? Grave question qui intéresse encore plus l’avenir de l’Espagne elle-