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José Salamanca. Il n’est pas nécessaire d’entrer dans l’examen rétrospectif des traités de même nature, conclus pour beaucoup d’autres lignes, qui : ont donné lieu aux plus graves accusations, et qui ont fourni le prétexte des mouvemens politiques couronnés par la révolution de 1854. On ne peut cependant s’empêcher de remarquer les vices de ces marchés, conclus à la hâte, à tant par lieue, sans plans, sans devis, sans études, qui entraînaient en définitive des créations de papier public non autorisées par les cortès. Dès 1853, sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement était revenu sur ces mesures, et le conseil royal révisait toutes les concessions et tous les marchés. Après la révolution de 1854, les cortès poursuivirent l’œuvre de la liquidation du passé, et y apportèrent, on doit en convenir, du scrupule et de l’intelligence ; Ainsi la ligne d’Aranjuez à Alicante, avec la partie rachetée par l’état en 1852, dont M. Salamanca avait obtenu l’entreprise, lui fut attribuée à titre de concession par une assemblée où ses amis politiques n’étaient pas nombreux. Les cortès régularisèrent toutes les concessions anciennes, annulèrent les marchés pendans, et promulguèrent une loi générale qui substituait au système vicieux des marchés directs et sans garanties la méthode irréprochable des adjudications publiques. Les cortès enfin se résignèrent aux sacrifices nécessaires pour attirer des adjudicataires sérieux ; elles accordèrent de larges subventions, et firent pour l’Espagne ce que la loi de 1842 a fait pour la France. En venant ainsi résolument en aide à l’industrie privée, en autorisant la création des sociétés de crédit, en appelant le concours de l’intelligence et du capital étrangers, la dernière assemblée espagnole a racheté en partie ses torts politiques. L’avenir doit lui tenir compte de ces actes dans la mesure du bien qui en résultera pour l’Espagne. Cette habile conduite a déjà porté ses fruits, puisqu’elle a permis la création d’associations puissantes dont il nous reste à examiner les projets en ce qui touche les chemins de fer.

À la fin de 1855, l’Espagne ne comptait que 818 kilomètres de rail-ways exploités ou en construction. On en trouve aujourd’hui 2,866, définitivement concédés, sur lesquels 507 exploités, 1,474 prêts à livrer ou en construction ; 886 à l’étude et sur le point d’être entrepris. Le progrès est sensible assurément.

Ces 2,866 kilomètres se divisent ainsi. — Le chemin du nord de l’Espagne, c’est-à-dire de Madrid à la frontière française, par Valladolid, Burgos, Vittoria et Irun, avec le chemin d’Alar del Rey à San-Isidoro de Dueñas, comprend 731 kilomètres. — Le chemin d’Alar del Rey à Santander, qui fait suite au canal de Castille et s’embranchera nécessairement sur le précédent, a une longueur de 50 kilomètres. — À cette partie du nord, mais plus à l’ouest, appartiennent aussi les chemins d’Oviedo à Gijon de 12 et de Gijon à Langreo de