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de 9,748 milles. Ce n’est point aux rigueurs du climat, aux ardeurs d’un ciel tropical qu’il faut attribuer l’infériorité de l’Espagne. Les provinces les plus peuplées sont en effet celles du nord, dont le climat est âpre et froid, et celles du midi, qui touchent à l’Afrique. Au nord, les Asturies renferment 510,000 habitans sur 173 milles carrés, et les provinces basques, 650,000 environ sur 246 milles. La Galice elle-même, un des pays les plus arriérés, compte 1,730,000 habitans sur 748 milles. Au sud, l’Andalousie, Murcie, Valence, renferment une population de 5 millions d’habitans sur une étendue de 2,221 milles, tandis qu’au centre les deux Castilles ne contiennent guère que 2 millions 1/2 d’habitans sur un territoire qui est en superficie le tiers de l’Espagne. L’Estramadure et la Manche sont encore moins bien partagées, et se trouvent cependant sous une latitude moins avancée. L’absence de population ne tient pas non plus à l’infertilité absolue du sol, car les quatre provinces qu’on vient de citer ont leurs ressources particulières : les Castilles produisent du blé en abondance, la Manche, offre des parties on ne peut plus fertiles. Seulement, sur les plateaux élevés qui forment le territoire de ces provinces centrales, l’eau manque souvent, et il en est d’elles comme de ces gouvernemens intérieurs de la Russie dont le sol est cultivable et riche, mais où les habitans ne se répandent point à cause du manque des sources et de la rareté des pluies. On remarque en Espagne un rapport frappant entre le chiffre de la population et la proportion qui existe des terrains arrosables, regadio, aux terrains secs, secano. Les parties les moins habitées sont celles du centre, c’est aussi au centre que le secano domine. Dans la province de Badajoz par exemple, on trouve 3,000 fanegas de terres arrosées livrées à la culture contre 1,878,000 de terrains secs ; dans la province de Ségovie (Vieille-Castille), 7,000 des premières contre 807,000 des secondes, et dans le royaume de Murcie, au contraire, on voit 74,042 fanegas de regadio contre 933,000 de secano ; enfin dans la province de Saragosse, 144,600 contre 677,000. La pénurie des sources et le manque d’eau ne sont pas les seules causes de cette disproportion de population entre des provinces dont les plus ; exposées à l’ardeur du soleil sont les plus habitées : il y avait néanmoins a les signaler, parce que si la dépopulation de l’Espagne est le fruit de révolutions qui l’ont bouleversée, qui ont changé des contrées autrefois florissantes en déserts stériles, si en un mot elle est le fait de l’homme, on doit néanmoins se garder de croire que la nature n’y soit pour rien, et qu’une transformation radicale puisse s’y opérer. Les terrains de transition qui composent la plus grande partie des plateaux du centre de l’Espagne offrent, au commencement de mai une floraison admirable ; mais toute verdure disparaît